Permis et interdit –
Dieu met des limites, la Bible le montre, interdisant ou permettant, pour nous préserver de la mort et de la destruction. Il fit cela au Paradis; Il le fit ensuite en nous donnant une loi, ne voulant pas que ce qu’Il avait créé retournât au néant. Nous avons la liberté de faire ce qu’Il interdit et de nous abstenir de ce qu’Il permet. Si nous transgressons l’interdit, comme, en l’occurrence, par le divorce, Dieu, qui sait tout de nous, ne nous abandonnera pas pour autant, comme le montre toute l’histoire biblique ramassée dans l’anaphore de saint Basile: Il nous tendra sa main secourable par sa parole, par le témoignage des saints, par des suggestions de son Esprit, par l’icône… Cela veut dire, non qu’Il tolère, ou relativise, ou autorise le péché, cette mort de l’âme et du corps, mais qu’Il cherche notre salut, puisqu’Il nous a créés pour que nous participions à son être, et Dieu ne renonce pas à son projet.
Le Seigneur veut sauver
Si nous abstenons de ce qu’Il permet et prescrit, Il nous le proposera encore comme Il le fit pour les invités au Banquet, essayant de faire en sorte que nous ne nous privions pas nous-même du bonheur et de la vie. Même quand nous transgressons son commandement, par volonté expresse ou par impossibilité de faire autrement, contraint, par exemple, par les circonstances ou par la volonté d’autrui, Il ne nous rejette pas à jamais, comme le souhaite David dans son psaume (50, 13). Au contraire, Il nous invite à revenir vers lui, sans nous justifier, en demandant au contraire son indulgence et son pardon; et Il sait tirer le bien du mal, en quelque sorte, et faire que notre péché se retourne en voie de salut.
Le retournement
Ce miracle du retournement, ou conversion, s’opère principalement par la conscience qui surgit en nous de la miséricorde ineffable du Seigneur. Notre péché, qui nous éloignait de Dieu, nous rapprochera de lui, comme le montre la parabole du Fils prodigue, la voie la plus rapide vers le Père étant souvent l’ellipse. Le mouvement des astres, leur gravitation, l’errance apparente des planètes, illustre la façon dont nous-mêmes nous approchons indéfiniment du Soleil de justice, par l’effet d’une attraction inusable. L’énergie de la gravitation semble incapable de se dégrader; c’est pourquoi le salut est possible, même là où le péché surabonde. Ce phénomène à la fois matériel et immatériel, et dont le Créateur connaît le secret, comme le montre le mystère du repentir dans la Parole, explique l’économie pastorale de l’Eglise du Christ, qui permet à des baptisés divorcés de retrouver, grâce à l’office des secondes Noces, le chemin de la Table eucharistique.
L’œuvre du saint Esprit en nous
Vous le comprenez vous-même, puisque vous écrivez: ”j’essaye de continuer à avancer dans cette épreuve… Je comprends maintenant, avec le recul, que de nombreuses choses n’allaient pas en moi, et j’essaye de changer. Je pense aussi peut-être maintenant que Dieu permet l’épreuve”. Vous témoignez de l’action du saint Esprit dans votre vie, cet Esprit surgi du Père comme Consolateur et comme Pédagogue. C’est Lui, l’Esprit du Père, qui éclaire votre cœur conscient, et qui vous donne l’envie et la force de changer, non par sentiment de culpabilité, mais par désir de la vie éternelle en Dieu. De même que les animaux et les hommes, mûs par l’instinct de conservation, luttent pour la vie, de même, de façon immatérielle, les pécheurs luttent pour sauver la vie éternelle qui leur a été donnée; l’instinct animal nous fait lutter contre la mort; l’instinct de la grâce, cette intuition fondamentale que nous avons de notre filiation divine, nous fait lutter pour préserver notre vie en Dieu et la faire croître.