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Le jeûne, santé de l’âme et du corps

Père Sofian

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« La santé est un des grands dons que nous, les hommes, recevons de Dieu. Ce n’est que lorsqu’elle est blessée par la maladie, que, alors au moins, nous nous rendons compte de sa vraie valeur. C’est pourquoi, un de nos devoirs élémentaires est de nous garder surtout des excès, en tenant compte d’une très ancienne et très vénérable vertu, à savoir la sobriété.

Entre la sobriété et le jeûne, la différence n’est pas très grande, puisque le jeûne est une sobriété prolongée. Par conséquent, même quand nous ne nous trouvons pas dans une période de carême proprement dit, il nous appartient d’être sobres, non seulement dans la nourriture, mais en tout.

La vie chrétienne surtout nous oblige à un équilibre, à cette juste évaluation ou discernement, dont nous parlent les saints Pères. Ne pas s’égarer dans les extrêmes ; aller sur la voie du milieu. Cette mesure sage nous est recommandée également dans le respect du jeûne, qui n’est pas seulement un admirable moyen de conserver la santé, mais plus encore que cela, un commandement divin. Saint Basile le Grand nous dit par exemple : « Comme les premiers hommes n’ont pas respecté le jeûne, ils furent chassés du Paradis ; il nous appartient de le respecter afin de pouvoir entrer à nouveau au Paradis ».

Pour beaucoup de chrétiens, le jeûne est un bonheur, surtout celui auquel conduit une vie sobre.

Pour d’autres chrétiens le jeûne est un fardeau générant la tristesse ; et, pour la plupart d’entre eux, le jeûne les laisse indifférents et leur semble même inutile.

Mais, pour quelle raison le jeûne, recommandé non seulement par toutes les religions du monde, mais même par la science et la médecine – pour quelle raison est-il accueilli, non de bon gré, mais avec indifférence et même avec mépris ?

La raison en est que, par le jeûne, on entend habituellement supporter avec patience la faim, diminuer les capacités de travail, avoir des vertiges, être exposé très facilement à tomber malade, etc. De plus, il y a des cuisiniers qui disent qu’il est difficile de se procurer et de préparer des aliments de carême.

Chacun a raison à sa façon.

Pour de tels motifs, le jeûne devient pour beaucoup de gens un fardeau, ou une occasion de dispute dans les familles – quand, dans une même famille, certains veulent jeûner, et que d’autres ne veulent ni ne peuvent jeûner.

Néanmoins, dans la mesure où c’est un commandement divin datant des origines de l’humanité et que c’est indispensable à la fois au corps et à l’âme, il nous appartient de respecter le jeûne… »

(Archimandrite Sofian Boghiu, higoumène du monastère Antim à Bucarest, préface à « Mâncàruri si dulciuri de post », Bucarest, 1995)