Le dimanche du Pardon –
Aujourd’hui, dimanche du Pardon, nous entrons solennellement dans le saint et grand Carême. A la fin de l’office de vêpres, célébré à l’issue de la divine liturgie ou en fin d’après-midi, nous, les membres de la Paroisse à laquelle nous appartenons, nous prosternerons les uns devant les autres en disant : Pardonne-moi et prie pour moi ! Nous demanderons également pardon à des personnes d’autres paroisses, à nos évêques et à nos frères qui vivent à l’Étranger. Nous écrirons ; nous téléphonerons ; l’Esprit saint nous rappellera que tel ou tel Frère attend notre pardon ou a en réserve un pardon pour nous.
Pardon et Salut
Cette demande rythmera toute la période de carême. Pourquoi ? – parce que je ne peux prétendre entrer dans le Royaume ni dans le Paradis si quelqu’un parmi mes frères a quelque chose contre moi ; si j’ai blessé volontairement ou involontairement un membre du Corps du Christ. Le pardon mutuel conditionne le Salut. Notre Frère est notre Salut, disent les Pères. Nous pouvons avoir accompli tous les commandements, nous être dévoués aux pauvres et aux prisonniers, avoir veillé les malades et nourri les mendiants, s’il nous manque le pardon d’un de nos frères, ou si nous omettons de pardonner à l’un de nos frères, nous ne pourrons être sauvés : nous pourrons toujours pleurer à la porte du Paradis, le Seigneur nous dira : va déjà te réconcilier avec ton frère et reviens, Je t’attends.
La cohérence divine
Dieu est très cohérent. Il ne veut pas que nous soyons en contradiction avec nous-mêmes. Et Il ne veut pas non plus que nous tentions, consciemment ou non, de le mettre en contradiction avec lui-même. Il nous invite toujours à la synergie de notre volonté avec la sienne, à vouloir ce qu’Il veut. Or Il veut que tous soient sauvés ; et Il veut que son règne vienne, c’est-à-dire que triomphe son amour atemporel. Ainsi le dimanche du Pardon nous ouvre toute la liberté d’aller vers le Salut, la familiarité du Père. Comment voudrions-nous qu’un Père accepte que ses fils ne soient pas réconciliés ? Quel père est-ce que ce serait là ? Pensons à l’image du père du Fils prodigue : il était déchiré par la discorde de ses deux fils.
Le pardon et le monde
Sachons également que le pardon est une offrande que nous faisons, non seulement au Père céleste, non seulement à nos Frères, ou à notre propre âme, mais encore au monde. Celui-ci ne connaît pas le pardon. Il connaît l’excuse, ou l’analyse et l’explication psychologiques, ce qui appartient à un autre registre. En pardonnant, nous introduisons dans le monde, même à son insu, un paramètre divin qu’il ignore. Notre pardon mutuel enrichit la civilisation, la culture, la vie de la société civile. Parce qu’il y a des disciples du Christ qui l’écoutent vraiment, le monde est plus beau.