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A quoi reconnaît-on un saint ?

Père Dumitru Staniloae

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La plénitude de l’humain –

Le saint, par l’offrande de soi à Dieu, par sa communion à lui, et par lui avec tous les hommes, de manière libre de toute pensée ou intérêt caché, restaure pleinement son humanité. Concrètement, comment cela se voit-il ? Chez le saint il n’y a rien de trivial, rien de grossier, rien de bas, rien d’affecté, rien de faux. En lui la délicatesse s’actualise de façon culminante, ainsi que la sensibilité, la transparence, la pureté, la timidité, l’attention portée aux semblables, qualités si propres à l’humain, car il les manifeste à partir de sa communication avec la Personne suprême.

La sensibilité à autrui

Il saisit les états d’âme des autres et se méfie de tout ce qui pourrait les contrarier, et n’hésite pas à les aider à dépasser leurs faiblesses. Il perçoit le moindre besoin des autres et y pourvoit promptement. Il voit également leurs impuretés aussi habilement cachées soient-elles, et il les purifie justement par la force délicate de sa pureté. Irradie continuellement de lui un esprit de don et d’oblation pour les autres, sans aucun souci de soi, un esprit qui réchauffe les autres et leur donne l’assurance de ne pas être seuls. C’est l’agneau innocent prêt consciemment au sacrifice de soi, et le rempart inébranlable qui offre une aide certaine.

L’homme naturel

Il n’y a personne de  plus humble, de plus simple, de moins artificiel, de moins théâtral, de plus « naturel » dans son comportement, qui accepte tout ce qui est véritablement humain, qui crée une atmosphère de saine familiarité. Le saint a dépassé toute dualité en lui, comme le dit saint Maxime le Confesseur.[1] Le saint a dépassé le conflit entre le corps et l’âme, la divergence entre les bonnes intentions et les actes qui ne leur correspondent pas, entre les apparences trompeuses et les pensées cachées, entre ce qui prétend être et ce qui est en fait. Il s’est simplifié ainsi parce qu’il s’est entièrement remis à Dieu et c’est pourquoi il peut se donner totalement dans la communication avec les autres.

Le frère aîné

Il redonne toujours courage, en relativisant parfois les illusions dues à l’orgueil, à la fierté, aux passions, par un humour tout empreint de délicatesse. Il sourit mais ne rit pas de manière sarcastique ; il est sérieux mais ne s’effraie pas. Il donne de la considération aux personnes les plus humbles, estimant qu’elles sont toutes de grands mystères créés par Dieu et promises à l’éternité de sa communion. Par son humilité, le saint ne se fait presque pas remarquer. Il n’apparait que lorsqu’il est besoin de consolation, d’encouragement, d’aide. Il n’y a pas pour lui de difficulté invincible, car il croit fermement en l’aide de Dieu, qu’il demande par la prière. Il est l’être le plus humain et le plus humble, et en même temps, c’est une apparition inhabituelle, surprenante, occasionnant aux autres le sentiment de la découverte de l’humain naturel en lui et en eux.

L’autorité du saint

Il est le plus proche et en même temps sans le vouloir, le plus imposant, celui qui attire le plus l’attention. Il devient le plus intime d’entre nous, le plus compréhensif, et l’on se sent incroyablement plus au large à ses côté et en même temps il nous presse, en nous faisant voir nos insuffisances morales et nos fautes. Il nous fait nous sentir tout petits par la majesté simple de sa pureté et par la chaleur de sa bonté. Nous avons honte du bas niveau auquel nous sommes tombés de notre humanité véritable ; de l’impureté, de l’artificialité, de la superficialité, de la duplicité, qui sont mises fortement en relief dans la comparaison que l’on fait sans le vouloir, entre lui et nous. Il n’exerce aucune force de ce monde, ni ne donne de commandement avec sévérité. Et l’on sent en lui une fermeté inflexible dans ses convictions, dans sa vie, dans les conseils qu’il donne, à tel point que son impression sur ce que nous devrions faire, exprimée avec délicatesse, ou discrètement du regard, devient un ordre auquel nous sommes prêts à tout effort et sacrifice pour l’accomplir.

(A.p. Dumitru Stàniloae, Théologie dogmatique, vol. I, première partie, C 3)

[1] Ambigua, P.G. 91, col. 1193-1196.