La couleur rouge –
Le manteau de la Mère de Dieu sur l’icône et sur les fresques est pourpre, parce que la Vierge est un personnage royal descendant du roi et prophète David. Elle est également la mère du grand Roi, le Christ, Fils unique et Verbe de Dieu. La pourpre royale lui sied comme à son Fils et son Dieu. Le grand acathiste y fait référence : « Réjouis-toi, Pressoir qui as extrait de ton sang la pourpre divine pour le Roi souverain ! » (ode 4 du canon). On comprend ici que le rouge allie en fait trois thèmes théologiques : le vin eucharistique, le sang vivifiant de la Pâque messianique, et la royauté du Fils de Dieu et Fils de la Vierge. Au livre des Proverbes, on lit ce verset qui s’applique à la femme exemplaire qu’est la Mère de Dieu : « ses vêtements sont de lin raffiné et de pourpre » (31, 22).
La royauté
La prière de l’Église exalte fréquemment la royauté de la Vierge. Certaines icônes la montrent portant couronne. Le psaume 44, qui chante la souveraineté du Messie, et qui est chanté pour les fêtes de la Mère de Dieu, exalte la Reine : « à ta droite se tient la Reine, en vêtements tissés d’or, parée de couleurs variées » (v.10). Ce verset accompagne le rite de la proscomédie, qui précède la divine liturgie : il est prononcé quand le prêtre place sur la patène, à la droite de l’Agneau-Christ, la parcelle triangulaire qu’il a découpée dans le pain. Le kondakion de l’acathiste la nomme « invincible Reine », « Vierge souveraine ». Le prophète Jérémie la nomme à l’avance « reine des cieux » (7, 18 ; 44, 17 ; 44, 25), car sa souveraineté culmine dans le monde céleste : elle est « plus vénérable que les chérubins et plus glorieuse incomparablement que les séraphins », comme le chant l’hymne liturgique « Axion esti ».
Couleurs liturgiques
Ainsi les couleurs utilisées dans l’iconographie ont un sens théologique et biblique. L’icône est la traduction en lignes, en formes et en couleurs de la sainte Écriture. Elle aussi est « écrite », non en caractères mais en formes et en teintes. Une autre teinte que le rouge se trouve : c’est l’or, souvent mêlé au pourpre, du reste, ou dominant par exemple dans la belle icône qui se trouve dans l’église de Naplouse près du puit de la Samaritaine. L’usage de la couleur bleue n’a pas de fondement théologique ou scripturaire. Il semble qu’il vienne de ce que les couleurs ont, avec le temps, viré au violet ou à une sorte de bleu très sombre.
Suivre la Tradition
Il est vrai que certaines mosaïques, celles de Ravenne, par exemple, utilisent un bleu pour la Mère de Dieu. Et, en Occident, avec les innovations en théologie mariale, la Vierge a été présentée de plus en plus en bleu, pour souligner son caractère céleste. Cette innovation se retrouve dans l’usage de vêtements liturgiques bleus pour les fêtes de la Mère de Dieu, dans l’Église russe. Toutefois, si l’on veut suivre la tradition liturgique, il est mieux d’utiliser le rouge et le pourpre pour peindre le manteau de la Mère de Dieu, parce que cette teinte a un fondement théologique ; il devrait en être de même pour les vêtements. La Vierge n’est pas seulement un être céleste ; elle est liée à la terre, dont elle porte le signe adamique : son vêtement est souvent d’un rouge tirant sur le brun.