Nous entrons dans le Grand Carême, vivons-le avec ferveur et générosité, avec, dans nos prières, une intention pour notre communauté paroissiale.
Prions sans nous décourager, –
gardons en mémoire les personnages que nous présentent les saints évangiles et qui ont obtenu gain de cause par leur persévérance et leur foi : Zachée (Luc 19, 1 ss), le centurion (Mat 8, 5 ss), le lépreux (Mc 1, 40-42), la femme hémorroïsse (Mat 9, 20-22), la femme syro phénicienne (Mc 7, 24 ss), Jaïre le chef de synagogue, les deux aveugles (Mat 9, 27- 31), ceux de Jéricho (Mat 20, 2934), l’ami importun (Luc 11, 5 ss) et la veuve importune : « Et Il leur disait une parabole sur ce qu’il fallait prier sans cesse et ne pas se décourager » (Luc 18, 1 ss) etc.
Les paroles du Maître :
« Veillez donc et priez en tous temps » (Luc 21, 36), « Et moi, Je vous le dis : demandez et l’on vous donnera ; cherchez et vous trouverez ; frappez et l’on vous ouvrira. (…) » (Luc 11, 9 ss), « De même, Je vous le dis en vérité, si deux d’entre vous, sur la terre, unissent leurs voix pour quoi que ce soit, cela leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux. (…) » (Mat 18, 19-20)… Et avec la prière, bien sûr, le jeûne, sachant que « Quand à cette espèce (de démons), on ne la fait sortir que par la prière et le jeûne » (Mat 17, 21).
L’archimandrite Émilianos (du monastère de Simonos-Petra sur la Sainte-Montagne) a écrit au sujet de cette parole : « Il existe une interprétation de ce passage : ce genre de démon ne peut sortir de l’âme d’un homme, s’éloigner de lui et cesser d’agir en lui, que si cet homme est en état de prière et qu’il jeûne. Mais il y a également une autre interprétation, fondamentale et plus profonde, où est analysé le sens de sortir : Je suis arrivé à mon terme, j’ai atteint mon but. L’homme, puisqu’il est sorti de Dieu, ne peut revenir à son point de départ, c’est-à-dire à Dieu, que par la prière et le jeûne. Dieu se révèle à ceux qui prient, qui supplient et qui jeûnent. »
La Bible et les Pères
Ne négligeons pas le jeûne : bien que délaissé [quelquefois] de nos jours en Occident, il a une très grande importance dans la tradition biblique et une place prépondérante dans la tradition patristique : saint Isaac le Syrien ( « Chacun sait une chose, c’est que toute lutte contre le péché et le mal commence par le travail du jeûne », « Quiconque méprise le jeûne sera faible, sans vigueur pour toute bonne œuvre, car il lui manque l’arme avec laquelle tous les athlètes divins ont obtenus la victoire ») ; saint Jean Climaque et tous nos pères dans la foi, jusqu’aux nombreux spirituels de notre Église orthodoxe contemporaine comme, cité plus haut, le hiéromoine Émilianos : « Le jeûne est une tradition de notre Église. Si nous ne jeûnons pas nous ne sommes pas chrétiens. Par quel moyen le prophète Élie est-il monté aux Cieux ? Quand Moïse a-t-il vu Dieu ? Comment l’apôtre Paul a-t-il reçu l’appel divin ? Et Barnabé ? Tous jeûnaient. À quel moment Pierre vit-il la nappe descendre de la Jérusalem céleste ? Lorsqu’il jeûnait. Donc, nous aussi, observons ce qui nous est transmis par la tradition de notre Église » (« Catéchèses et discours »).
L’humilité
Et : « L’Église orthodoxe est très profondément ascétique, et ceux qui n’aiment pas l’ascèse et sont amis de la mollesse et du confort n’ont pas de place en elle ! » (Épiphane, Géronda d’Athènes). Parole un peu sévère, mais bien équilibrée par la suivante : « Ne vous faite pas violence avec orgueil pour pratiquer l’ascèse au-delà de vos forces, car vous en retireriez de l’angoisse. Le Christ est, non pas un tyran, mais un père plein de tendresse, et Il se réjouit du combat que nous menons avec zèle. » « Si nous ne pouvons pas mener une grande ascèse ou si même nous ne pouvons accomplir aucune pratique ascétique, du moins reconnaissons-le humblement et demandons à Dieu de nous faire miséricorde. Si cet humble aveu ne nous aidait pas, le Christ ne nous le demanderait pas » (« Fleurs du Jardin de la Mère de Dieu » du moine athonite Païssios).
Le jeûne – une anthologie proposée par P. Philippe Calès (Brest)