Les sacrements –
La Tradition fait une différence entre bénédiction et sacrement. Par celui-ci s’opère une véritable consécration et une véritable sanctification de l’offrande humaine: baptême (consécration de la personne humaine), chrismation (Onction avec le saint Chrême, ou Sceau du don du saint Esprit: cette huile est elle-même consacrée et sanctifiée dans la réunion des évêques d’une Église souveraine), eucharistie (consécration et sanctification du Pain et du Vin, convertis en Corps et Sang du Christ), saintes Huiles (consécration de l’huile et onction des souffrants), ordination majeure (épiscopat, prêtrise et diaconat), sanctification de l’eau (Théophanie, baptême du Christ), mariage sont des moments où le saint Esprit est invoqué (épiclèse) pour une transfiguration de ce que l’être humain apporte: sa personne, sa souffrance, son service dans l’Église.
Sanctification de la matière
La matière elle-même est consacrée, sanctifiée et transfigurée: le corps humain, l’eau, l’huile, le pain et le vin sont investis par la grâce divine et proprement divinisés. Cet évènement majeur s’inscrit dans les conséquences de l’Incarnation du Verbe et suppose une synergie, c’est-à-dire la coopération de la liberté humaine par la foi et la pureté du cœur avec la liberté divine de créer et de sauver toute créature. Ce sont des événements divino humains.
Les bénédictions
On y utilise une matière précédemment sanctifiée – l’huile ou l’eau. La consécration signifie qu’une personne, un lieu, un temps, ou un objet, sont dédiés à un usage exclusif. Ces bénédictions sont plus ou moins solennelles et développées. Certaines doivent rigoureusement être présidées par l’Évêque; certaines peuvent être accomplies par le ministère du Prêtre. Cela n’a pas lieu en raison d’un pouvoir particulier appartenant à ces ministres: ce pouvoir est celui du Christ agissant par l’Esprit saint dans son Église. Il s’agit donc d’actions, non pas à caractère magique, mais à caractère ecclésial. On peut citer les suivantes.
Divers exemples
– ordinations mineures : sous-diacre, lecteur, acolytes sont consacrés à vie pour un service précis ;
– les personnes : voyageurs, malades, femmes enceintes sont bénis tout spécialement. Les soldats, sans que cela justifie en rien la guerre, sont bénis parce qu’ils vont sacrifier leur vie pour les autres ; la plupart des démarches de l’existence quotidienne sont présentées à la bénédiction de l’Église ;
– l’église, lieu consacré par la foi, la prière et l’onction du saint chrême, devient définitivement un lieu où offrir le sacrifice agréable à Dieu ; c’est une consécration de l’espace ;
– le temps liturgique assume la consécration et la sanctification du calendrier et du déroulement des grands moments de l’année : un office spécial est dit en début d’année ;
– l’autel est une table bénie et consacrée par l’eau et l’huile sainte, par la foi et la prière de l’Église et le ministère de l’Évêque, et par la présence en elle des reliques des saints ;
– la Croix ainsi que les petites croix portées par les fidèles ; la forme même de la Croix sanctifie en elle-même la matière employée (bois, pierre, métal…) ;
– les vêtements liturgiques, ainsi que les nappes, vases sacrés et autres objets servant dans le sanctuaire sont bénis avec l’eau et la prière de l’Église. Ces éléments ne servent qu’à la célébration du culte divin ;
– les lieux d’habitation sont, plusieurs fois par an, bénis par la présence du Prêtre, la foi des fidèles et l’office prévu: on y bénit l’eau et l’huile pour en oindre les murs et le montant des portes, dans le cas où cette huile et cette eau n’ont pas été consacrées auparavant et apportées par le Prêtre ;
– les véhicules et d’autres objets servant à la vie sont bénis avec l’eau et la grâce du saint Esprit, et par la présence des saints anges qui accompagnent les voyageurs et leurs passagers. On installe à cette occasion quelques petites icônes et croix dans l’habitacle ;
– les lieux de travail ;
– les animaux sont bénis, toujours en dehors de l’église, par la grâce du saint Esprit et l’aspersion de l’eau. Les autres créatures peuvent être bénies dans l’église. De même, on ne bénit pas de viande dans l’église, parce que celle-ci est le lieu du sacrifice non sanglant.
Le grand Euchologe donne une liste impressionnante des diverses bénédictions en usage dans l’Église. Très belle est, par exemple, la bénédiction de la terre, des fruits et des semences à l’occasion de certaines fêtes: Ascension, Transfiguration, Dormition…
Les saintes icônes
Elles connaissent plusieurs moments de consécration. En premier, le travail de l’iconographe, accompli dans la vraie foi, le jeûne et la prière, inaugure la consécration du bois (choix et délimitation de la planche) et de la matière (levka, dessin, couleurs…) dans l’obéissance créatrice à la Tradition et à la foi de l’Église. Deuxièmement, le thème théologique de l’icône, car c’est la vérité de foi exprimée par l’icône qui constitue sa consécration. Troisièmement, la présentation de l’icône au Peuple pour attestation de sa vérité. Quatrièmement, une fois cette vérité reconnue, la prière de l’Église (évêque ou prêtre) et l’aspersion d’eau et onction d’huile: ces éléments ont été bénis au préalable. On n’utilise pas ici l’eau de la Théophanie parce qu’elle est consacrée à cette fête. Une coutume dont on peut discuter consiste à bénir des reproductions ou des images d’icônes: ceci ne peut être comparé à la consécration de l’icône sur bois, dont la sanctification s’apparente à un sacrement puisqu’il y a transfiguration de la matière.
Les défunts
En ce qui concerne les défunts, le service est proposé pour ceux qui se sont endormis dans la vraie foi. Il consiste dans la bénédiction du corps, du cercueil et de la terre où reposera le défunt. Mais il fonde la relation de foi et de prière que l’on va entretenir désormais avec les défunts et leur Seigneur. Il ne s’agit ni d’un sacrement ni d’une bénédiction proprement dits, la personne étant déjà consacrée par le saint baptême.
Dans tous ces actes que le Seigneur accomplit par le ministère de son Église, se manifeste son extrême miséricorde et sa présence dans les infimes détails comme dans les grands moments de la vie de l’homme.