Un rite pénitentiel –
Le jeûne, pour Israël, est surtout un rite pénitentiel, en relation avec l’Alliance : l’infidélité à celle-ci est un péché ; le repentir la restaure. Il apparaît dans la Bible comme l’expression d’un profond repentir. Par exemple, le roi Achab, sous les reproches du prophète Elie, jeûna : « Quand Achab entendit ces paroles, il déchira ses vêtements, mit un sac à même sa chair, jeûna, coucha avec le sac et marcha à pas lents » (1Rois 21, 27 ; cf. Sam.7, 6 ; Joël, 1, 13-15).
Lié à la supplication
Le jeûne est lié à la supplication. L’Israélite pieux ne concevait pas une prière instante sans le soutien du jeûne (cf. Judith, 4, 9-13). Le peuple ou l’Israélite fidèle implore, en jeûnant, la délivrance d’une épreuve à caractère de châtiment. Plus largement, il s’agit « d’humilier son âme » pour exprimer une attitude d’abandon total et confiant ; le jeûne est « le comportement typique de quiconque ne compte plus que sur le seul secours de Dieu » (Regamey, Redécouverte du jeûne, Paris, 1959). Le jeûne peut ainsi devenir le signe d’une intercession instante pour autrui (Ps.35, 13). Le croyant jeûne pour les autres, pour le monde.
Préparation à la rencontre de Dieu
Le jeûne joue à la fois le rôle d’une intercession pour l’homme ou le peuple pécheur, et celui d’une préparation à la rencontre de Dieu. Pour exprimer son respect envers autrui, l’homme accepte de renoncer à ses aises et à ses plaisirs ; à plus forte raison, la crainte qui saisit la créature à l’approche de la majesté du Seigneur peut-elle inspirer le jeûne, à côté de l’enlèvement des sandales, du voile sur le visage, de l’abstinence sexuelle, de l’interdiction de toucher le lieu sacré ou d’en approcher. Ces comportements symboliques face à la sainteté divine appartiennent à celui qui a le sens de l’unité profonde de son être humain, corps et âme, et le sens de la sainteté et de la transcendance de Dieu.
Moins important que l’amour du prochain
Les prophètes d’Israël, contre le formalisme et l’hypocrisie, ont fortement souligné la nécessité d’accompagner les sacrifices et les jeûnes de dispositions intérieures correspondantes, et d’accomplir les préceptes plus essentiels de l’amour du prochain et de la justice sociale (Os.6, 6 ; Is.58, 6-7). « La prière est bonne avec le jeûne, et l’aumône vaut mieux que l’or et les trésors » (Tobie, 12, 8). Ainsi est constituée la trilogie, jeûne, prière, aumône, dont héritera la tradition chrétienne.
Le jeûne chrétien
Dans l’Eglise, le jeûne a un sens nouveau par rapport à la personne de Jésus et au don de l’Esprit : préparation à la joie pascale, conversion, participation à la Pâque du Christ, manifestation de l’amour de Dieu, préparation à la communion eucharistique. (D’après P. Placide, Humilier son âme par le jeûne, monastère Saint-Antoine-le-Grand, 2007) .