” Le Christ est ressuscité ! ”                  ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”            ” Le Christ est ressuscité ! ”              ” Le Christ est ressuscité ! ”       

Deuxième homélie du 5 avril : dimanche de Marie l’Égyptienne

Sainte Marie l'Egyptienne

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L’Esprit saint et l’année liturgique –

Le cycle liturgique annuel est une expression du saint Esprit, une véritable théophanie. Les textes, les prières, la place des fêtes, sont établis avec un divin discernement, comme le montre la mémoire de saint Jean Climaque le quatrième dimanche de Carême et celle de sainte Marie l’Égyptienne en ce cinquième dimanche. Ce dimanche est symétrique du glorieux dimanche le l’Orthodoxie et des saintes icônes: dans les saints, ces icônes non faites de main d’homme, resplendit la gloire de la sagesse et de la miséricorde divines. Les saints démontrent la bonté de Dieu. Et l’ordonnance liturgique inspirée par l’Esprit déploie de façon théophanique toute la révélation apportée par le Verbe incarné dans son Église et dans son monde.

La figure d’Israël

Marie l’Égyptienne est d’abord la figure de notre peuple, le Peuple de Dieu, le peuple d’Israël, notre peuple, car nous sommes des Israélites qui confessent le Christ. Or notre peuple a été plus d’une fois convaincu par nos prophètes d’une infidélité religieuse, l’idolâtrie, considérée comme une forme de prostitution. Et les prophètes, comme Osée, dénonçant cette infidélité ont, de la part de Dieu, invité l’infidèle épouse Israël à venir au désert pour y renouveler son amour pour l’Époux divin. Pensons-y: la plupart des personnages qui se présentent dans le calendrier de l’Église sont, d’une façon ou d’une autre, des figures du peuple juif dont nous sommes. C’est le cas, par exemple, pour le Fils prodigue, figure typique du retour d’Israël vers son Dieu. Marie est la figure du Peuple de Dieu, par son idolâtrie et par son amour fou du Dieu un! Elle qui n’avait probablement jamais aimé personne, a trouvé dans le Fils de Dieu l’amour de sa vie.

Marie l’Égyptienne c’est nous !

Pour nous, à qui le Seigneur donne, non un châtiment, comme on le dit par erreur, mais des signes et des messages, nous comprenons que sainte Marie l’Égyptienne, c’est nous! Ne pensons pas aux peuples les plus malheureux de la terre, chez qui des enfants par centaines meurent tous les jours de faim, de soif ou de maladie. Pensons à nous, les nantis de la planète, les jouisseurs, les amoureux du plaisir sur toutes ses formes. Sainte Marie est l’emblème d’une civilisation gouvernée par le principe de plaisir, asservie à toutes ses passions: “le refus de la communion, la profanation du corps, ou de l’esprit, au profit de l’argent, du pouvoir ou d’une jouissance impersonnelle…signification spirituelle de la prostitution”, écrit Oliver Clément (Le Chant des larmes, p.76). Le Seigneur permet que nous jeûnions de notre vie habituelle pour que nous comprenions que nos passions et nos péchés font souffrir la planète: l’avidité, l’exploitation sans limites de la Création, la pollution de l’air et des eaux, grandes conséquences de notre addiction au plaisir, émules que nous sommes de Marie l’Égyptienne.

L’église inaccessible

Le Seigneur nous parle et nous donne encore un signe. Marie l’Égyptienne ne put entrer dans l’église malgré le désir qu’elle en avait. La porte était ouverte mais une force la lui interdisait. Nous aussi, nos églises sont ouvertes, mais nous sommes empêchés d’y entrer en raison de l’épidémie. Cela nous fait bien réfléchir: je souille le sol de l’église par l’impureté de mes pas, je contamine l’air qu’on y respire par mon souffle pollué par les passions; je salis la compagnie des anges par mes pensées indignes ou ridicules. Quand j’y pense, tout m’interdit l’entrée de l’église et, comme prêtre, celle du sanctuaire. Le Seigneur veut nous purifier de notre inconscience: nous venions à l’église sans nous rendre compte de rien, sans crainte, sans conscience de l’impureté de notre vie; c’était une chose banale d’aller l’église, de communier – après tout je suis chez moi, je suis chrétien, je suis orthodoxe, je paye ma cotisation, je fais tout ce qu’il faut pour être orthodoxement correct… Et si je n’avais rien à faire là? Et si l’horreur de mes péchés me prenait à la gorge? Et si, en temps d’épidémie, je comprenais que ce sont mes propres péchés qui contaminent les autres et la Création? Ce n’est pas un discours culpabilisant; c’est un discours responsabilisant que tient le saint Esprit au milieu de son Peuple.

D’un désert à l’autre

Pensons encore que, lorsque l’accès à nos églises nous sera possible, nous voudrons, comme Marie l’Égyptienne, partir au désert alors que nous en venons! Nous venons du désert de notre impureté et nous sommes appelés au désert de la conversion, à trouver ces moments de calme et de silence où nous pouvons rencontrer de personne à personne le Dieu de l’univers appelé Jésus-Christ. Tel est l’enjeu et du carême et du confinement, telle la mission du fléau lui-même: conduire l’homme à une rencontre personnelle avec le Christ, à reconnaître le Christ comme son Seigneur. L’Église, son institution, la faiblesse de ses membres, compromis avec le monde, se renouvellera par l’établissement par chaque baptisé d’une relation vraie, profonde, authentique et intime avec le Seigneur Jésus-Christ!