Le principe –
Le message qui nous est adressé en ce jour dans la sainte liturgie de l’Église concerne, non seulement le « commencement » chronologique de la mission du Sauveur dans le monde, mais le « principe » de celle-ci, comme le dit le mot grec « archi ». Le Verbe fait chair et venu dans le monde par la conception virginale et manifesté en lui par sa naissance à Bethléem est, avec le Père et l’Esprit, le Créateur du temps. Il est par lui-même sans commencement et, même s’Il entre dans le temps par l’Incarnation et se soumet au cours successif de sa créature, Il n’en demeure pas moins le Maître, l’Initiateur, Celui qui gouverne les jours et les nuits, les heures et chaque moment de l’Histoire universelle. Il donne à tout ce qui existe son « principe », c’est-à-dire sa norme, les éléments et les paramètres directeurs du déroulement des faits et des actes.
Le baptême principe de la vie nouvelle
Cela ne veut pas dire qu’Il détermine tout ; cela veut dire que, tout en respectant la liberté qu’Il a également créée, Il propose à toute créature des messages, des injonctions et surtout des exemples et des modèles concrets. Au principe de son évangile, le Sauveur offre à l’humanité le mystère du baptême. Tel est le principe de la restauration de la Création, de la restauration de l’antique Alliance, qui n’est appelée « nouvelle » que parce qu’elle est profondément renouvelée : reconnaître ses fautes ; se convertir pour en être délié ; et pouvoir ainsi être immergé dans l’Esprit de Dieu. Le Verbe n’a pas fait advenir une nouvelle création, mais Il l’a renouvelée à partir du dénuement désertique des parages du Jourdain. Le désert est une métaphore du non être, d’où le Créateur appela toute créature à être.
Nouvelle naissance
Du désert, l’homme est appelé à renaître par le repentir et par l’entrée dans la vie charismatique. « Principe de l’Évangile de Jésus Christ, Fils de Dieu » – ce nouvel appel d’un moindre être à un mode suprême de l’être, celui que nous connaissons en suivant le Nouvel Adam et en nous unissant organiquement à lui. Lui-même, n’est pas un autre Adam : Il est Adam renouvelé, comme l’Alliance elle-même, humanité nouvelle parce que renouvelée par la jouvence du repentir et de l’Esprit. Au chapitre du Salut qui suit la glorieuse Nativité, il est révélé la vocation de l’Homme nouveau, la vocation de chaque personne d’entre nous prise pour sa part : reconnaître ses torts, se désoler de les avoir commis, connaître la paix du pardon divin et entrer dans un mode de vie gouverné par la grâce. Le baptême est l’évènement initial de la nouvelle phase de l’Histoire universelle. Il suppose la foi, une confiance aveugle dans la parole du Verbe créateur, aussi aveugle que la confiance de ce qui fut appelé du non-être à l’être.
L’œuvre de l’Esprit
En vérité, ce « principe de l’Évangile de Jésus Christ » est saturé de la grâce du saint Esprit : c’est par le don de l’Esprit que tu mis ta foi dans le Sauveur ; c’est le don de l’Esprit qui te fis voir tes fautes ; le même don t’inspira le courage de les avouer ; l’Esprit encore est Celui qui te donna ce « cœur brisé » et cet « esprit humilié » qu’annonce David et qui n’est autre que le repentir – lamentation du premier Adam à l’Orient du Paradis. L’Esprit est au principe de tout et à l’accomplissement de tout, lorsque tout est immergé en lui pour y trouver sa plénitude. Au principe est le Verbe ; au principe est l’Esprit ; et le principe en personne n’est autre que le Père, Source de la divinité, vouloir atemporel d’exister, et vouloir que d’autres que lui-même existent ! Nous devenons des hommes quand nous sommes reconnectés à la Source paternelle par le Verbe et l’Esprit.
La Source paternelle
C’est vers le Père que nous conduisent notre conversion et notre repentir ; et c’est le Père que nous rencontrons dans l’immersion de l’Esprit : nous sommes alors engendrés de lui par son Esprit, nous sommes conçus en lui, et promis à la sainteté, cette ineffable ressemblance au Fils ! Écoutons avec la plus grande attention du cœur et de l’esprit la proclamation de ce jour et tressaillons de joie en reconnaissant de quel baptême nous avons été baptisés – ou bien, inscrits au rang des catéchumènes, de quelle naissance charismatique au terme de la quarantaine pascale, nous allons nous réjouir et nous honorer !