Le Christ baptise –
Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit : Amen ! L’évangile de ce dimanche avant le baptême du Christ, appelé Épiphanie ou encore Théophanie, nous ouvre l’intelligence à un grand mystère. Au centre, Jean est le Précurseur du Verbe et Messie de Dieu. Par la parole et par l’immersion dans le Jourdain, il prépare ceux qui croient déjà à accueillir le Seigneur Christ. Mais celui dont il annonce la venue est « plus grand que lui », comme il le dit, parce qu’Il va immerger les croyants dans l’Esprit – baptiser voulant dire immerger. Jésus est Celui qui plonge l’homme dans l’Esprit. C’est pourquoi Clément d’Alexandrie dit de lui qu’Il est le Précurseur de l’Esprit.
La mission de l’Esprit
Le message de ce jour nous rappelle que l’écoute de Jésus Christ et l’obéissance à sa parole nous font vivre dans l’Esprit saint. Être chrétien c’est vivre dans et par l’Esprit. La mission du Verbe dans le monde – puisque le Fils est l’Envoyé du Père – permet une autre mission : celle de l’Esprit, que le Père envoie également parmi les hommes et dans toute la création. Le Fils est envoyé et Il vient – Il est venu et Il vient sans cesse dans l’Église par la grâce de son Esprit très saint et très bon. Et, selon le Symbole de la Foi, « de nouveau, avec gloire, Il vient, juger les vivants et les morts ! » Mais l’Esprit également est l’Envoyé du Père ; Il est envoyé et Il vient sans cesse. Nous le prions sans cesse de venir : Kyrie eleison ! « Viens, Lumière sans crépuscule ! Viens, Espérance qui veut sauver tous ! Viens, Haleine et Vie mienne ! », chante saint Siméon le Nouveau Théologien.
La grotte et l’Esprit
Nous venons de vénérer la glorieuse naissance du Verbe, Dieu et Homme. Nous nous sommes prosternés devant la sainte icône et nous avons touché de nos pauvres lèvres le mystère lui-même par le sacrement de l’image orthodoxe. Étions-nous conscients que cet évènement instaure le Royaume de Dieu, c’est-à-dire la mission, la présence, la souveraineté et le règne de l’Esprit ? Quand nous embrassons les mains divino humaines de Jésus, pensons qu’elles attirent et envoient l’Esprit du Père parmi les hommes. Ce petit enfant, couché dans la lumière de l’obscure grotte, est le Donateur de l’Esprit du Père. Il nous sauve en devenant homme parce qu’Il purifie l’humanité ; Il nous arrache au néant en montant sur la Croix parce qu’Il descend ainsi dans l’abîme de l’égoïsme infernal ; Il vainc toute haine par l’amour extrême pour les ennemis.
Le Salut par l’Esprit
Mais Il nous sauve principalement parce que, au sein de toutes ces actions – ces gestes divino humains – Lui qui, au Paradis, a insufflé dans mon visage les arrhes de l’Esprit, me plonge et m’immerge dans ce même Esprit. Celui-ci, jaillissant de l’unique source paternelle, procède vers les hommes pour les combler, les recouvrir comme d’un manteau, comme une averse royale, pour me tremper jusqu’aux os par l’ondée de sa grâce. Car l’eau de la grâce du saint Esprit, comme l’huile du saint Chrême, pénètre en moi par tous les interstices et les fissures de mon corps.
Glorifier la Trinité
Aujourd’hui, la mémoire du grand et saint Basile de Césarée soutient ce message. Le géant théologien de l’Esprit, le défenseur de sa glorification à l’égal du Père et du Fils, est justement honoré quand on annonce que l’Église, étant le Corps du Verbe, est le Temple de l’Esprit. Et, belle réciproque, c’est par l’Esprit envoyé du Père que tout homme connaît le Fils et le glorifie comme tel. La Théophanie annoncée en ce jour, et tout le témoignage du père spirituel que nous fêtons royalement, est la glorification du Père, du Fils et du saint Esprit. Bien des hommes disent croire en Dieu, et ils sont bénis. Mais, connaître la Trinité et la glorifier par sa pensée, sa parole et toute sa vie, est immense et au-delà des mots – et, en ce début d’année civile, nous ne pouvons rien souhaiter de mieux aux hommes de notre temps, que de connaître et de célébrer le Père et le Fils et le saint Esprit : Amen !