L’identité de Jésus –
En ce dimanche, nous confessons à nouveau la foi chrétienne fondamentale. Émules des catéchumènes de tous les temps et de tous les lieux, nous confessons ce que confessent tous les baptisés ; chacun d’entre nous fait sienne la foi de l’Église, celle des disciples, des apôtres et de leurs propres disciples, les saints et les saintes de tous les temps. Le premier dimanche de Carême désigne Celui qui est la Tête d’angle de tout l’édifice ecclésial, ce temple non fait de main humaine, ce corps vivant du Seigneur, assemblée des premiers-nés, communauté et fraternité de tous ceux et celles qui trouvent leur bonheur et leur joie à suivre le mode de vie divin proposé par le saint Évangile.
L’Église, invitation du Christ
Nous avons les noms de ceux qui identifient Jésus pour qui Il est en vérité : à la suite du saint Précurseur qui, devant une grande foule, reconnut l’Agneau de Dieu venu assumer le péché du monde, se présentent, entre autres disciples ou apôtres, Philippe et Nathanaël, en ce jour béni où notre Maître se rend en Galilée. Ces premiers témoins, rappelons-le toujours, sont des Juifs, des membres du peuple d’Israël. Ce sont les Juifs eux-mêmes qui reconnaissent Jésus pour « Celui dont ont écrit Moïse, dans la Loi, ainsi que les prophètes ». Aujourd’hui, le saint Esprit instruit le cœur et l’intelligence d’Israël pour reconnaître que les promesses prophétiques sont accomplies ; qu’il n’y a plus à attendre le Messie, puisque celui-ci est venu et que les membres de son peuple l’ont reconnu. Ainsi s’est constituée l’Église, et ainsi continue-t-elle de se former : une personne entend l’appel du Verbe, « suis-moi ! », cette parole fondamentale et fondatrice de la communauté ecclésiale ; elle répond à l’appel et, éclairée par l’Esprit, elle en invite à son tour une autre en lui disant : « viens et vois ! ». L’Église se forme par cette chaîne d’invitations qui, commençant par celle du Seigneur, se propage à la ronde.
Le Messie reconnu par les siens
Mais cette invitation s’enracine dans l’expérience d’Israël. Sans toute leur culture biblique, sans toute leur expérience juive, comment ces Philipe et ces Nathanaël auraient-ils pu saisir le message ? Comment auraient-ils pu reconnaître en Jésus le Christ Messie ? Comment, s’ils n’étaient pas imprégnés du message de Moïse et de tous les prophètes, auraient-ils pu identifier le Sauveur et lui dire cette affirmation extraordinaire : « Rabbi, Tu es en vérité le Fils de Dieu, Tu es le roi d’Israël ! » Il faut être Juif de naissance, de la descendance d’Abraham, Isaac et Jacob, pour affirmer cela. Ou bien, et c’est notre cas pour la plupart d’entre nous, il faut s’imprégner de la culture biblique par une écoute et une lecture assidue des livres saints et devenir un « Israélite véritable », un « juif spirituel », suivant l’expression de la philosophe Simone Weil.
Nous nourrir de la Parole
Le Sauveur Lui-même nous dit de scruter les Écritures pour trouver témoignage de lui ; rappelons-nous comment, après sa Résurrection, Il interprétera les livres de Moïse et des prophètes pour les disciples découragés, et leur montrera comment les prophéties sont réalisées en sa personne. Notre vocation, en ce temps de Carême, est de nous nourrir, plus que d’aucune autre nourriture, de la Parole de Dieu, pour pouvoir identifier par le saint Esprit la Personne vivante du Verbe et Messie. Nous verrons en lui l’Icône parfaite, l’Image transparente au Père céleste, cette Icône que, précisément, en ce premier dimanche de Carême, nous honorons. Au-dessus de cette image parfaite du Père, les anges montent et descendent, c’est-à-dire que le Ciel est ouvert pour tous ceux qui veulent y suivre le Messie d’Israël.