Les saints et les nations –
En ce deuxième dimanche après la Pentecôte, nous continuons à nous réjouir pour les fruits de la descente de l’Esprit saint en la plénitude de ses dons. Chaque pays fait aujourd’hui mémoire des saints qui ont vivifié son sol et sa culture. Certaines nations ont même vu le jour grâce à la propagation de l’Évangile. C’est le cas des peuples qui se sont développés autour de la principauté de Kiev puis de Moscou : l’histoire du peuple russe ne connaît pas de vie politique indépendante de la foi. Il en est de même pour d’autres peuples comme, par exemple, la Roumanie : bien sûr que l’on connaît l’existence d’un peuple dace non encore chrétien, mais la conscience roumaine s’est forgée dès les tout premiers siècles, bien avant l’évangélisation des peuples slaves, autour du message évangélique de saint André le Premier-appelé et par l’exemple de la sainteté de ses propres membres.
Identité nationale et Évangile
Beaucoup de peuples doivent ainsi leur identité à la propagation de la parole évangélique. Cette annonce est issue principalement de la Résurrection et de l’élan que les saintes Myrrhophores et les Apôtres ont reçu du Christ Lui-même sorti du tombeau et apparu en chair et en os. Pendant tout le temps pascal, nous avons entendu dans les offices diffusés par le volume du Pentecostaire cet impératif que prononce la bouche même du Verbe incarné et ressuscité corporellement : allez annoncer à tous les peuples, à toutes les nations, que Je suis ressuscité ! Le Verbe a voulu et veut toujours que le monde sache qu’Il est vivant, que son œuvre n’est pas terminée, même une fois qu’Il est entré dans sa gloire, à la droite du Père et invisiblement présent parmi nous. La Pentecôte a donné l’énergie divine au projet missionnaire du Verbe, l’Apôtre par excellence, l’Envoyé du Père, qui a prêché et qui prêche en Personne par ses paroles, par son exemple, par sa Croix vivifiante et par ses membres, les baptisés.
La dynamique de la Pentecôte
Toutes les nations, présentes le jour de la Pentecôte à Jérusalem, et constituées depuis lors, sont dynamisées par la parole évangélique, la volonté de Salut de tous qui est celle du Père et cette grâce extraordinaire de l’Esprit qui opère l’indéfinie variété des cultures et des traditions locales. En notre époque de planétarisation de la culture, le risque existe d’une uniformisation des peuples. Mais la volonté divine est celle d’une unité humaine déclinée dans la variété des consciences de chaque personne et de chaque peuple. Dieu veut pour l’humanité une unité à son image, où la plus grande diversité est compatible avec la plus grande unité. Les saints de notre temps, et ceux que l’Esprit va susciter dans chaque peuple, si toutefois, subsiste la diversité des nations, sont les artisans d’une telle unité trinitaire.
La sainteté autour de nous
Nous veillons à ne pas ignorer la sainteté qui surgit autour de nous. La culture des peuples de la terre est fécondée par le charisme des apôtres et des disciples appelés par le Verbe en Personne, comme le dit l’évangile de ce jour ; la grâce multicolore de la Pentecôte est à l’origine de notre conscience historique. Mais l’histoire de la sainteté de nos peuples respectifs n’est pas terminée. Autour de nous, tous les jours, nous pouvons voir les fruits de l’Évangile dans tout ce qui se fait d’agréable à Dieu. Beaucoup le font sans le savoir encore et leur sainteté est encore potentielle. Mais nombre de saints et, ne l’oublions pas, de martyrs marque de façon définitive notre siècle.
Les saints de notre temps
Les saintes icônes font apparaître le visage des saints et des martyrs de ce temps. Et nous-mêmes, nous sommes là pour témoigner de la sainteté souvent si discrète qui se montre dans nos paroisses, dans nos familles, dans nos Églises locales et dans celle des autres pays. Nous sommes les témoins de la sainteté des autres ; nous avons comme belle charge, non seulement de témoigner personnellement de la foi chrétienne, mais de rendre hommage à tous ceux qui, plus proches déjà du Seigneur que nous ne le sommes, font partie de ceux qu’Il appelle « les bénis de son Père »