L’Evangile de ce jour nous révèle que le Christ, à la fois à la tête et au milieu de son Église, est Celui qui intercède, le Grand Pontife. Quel mystère incompréhensible que celui du Fils de Dieu priant son Père dans l’Esprit ! Jésus Christ est vrai Dieu et vrai Homme. Le Dieu Homme, dans son humanité, prie le Père céleste pour tous les membres de son Corps. Plusieurs fois, dans le saint Évangile, nous apprenons que Jésus priait, qu’Il est l’Orant par excellence, et Celui qui apprend aux hommes à prier.
Par quelle révélation sublime avons-nous aujourd’hui les mots mêmes par lesquels Il s’adresse au Père ? Saint Jean est bien celui qui pose son oreille sur le cœur du Maître : il a écouté, il a entendu, il a retenu et il a noté ce qu’il a su par expérience de cet extraordinaire discours dans lequel le Seigneur parle de ses disciples à son Seigneur. Le Seigneur parle au Seigneur, Il lui parle de son peuple. Cette prière définit l’Église elle-même comme lieu du dialogue du Fils et du Père. Toutes les prières liturgiques, les sacrements, les bénédictions ont comme contenu cette intercession admirable dont nous avons la révélation en ce jour. L’Église est le lieu divino humain par excellence, le temple non fait de main humaine, dans lequel, de façon inouïe, résonne la parole de la Parole en personne, adressée, non pas aux hommes, mais au Père, la Source même de cette Parole. La Parole remonte ainsi à sa source. Le Fils rend compte de sa mission parmi les hommes. Il atteste son obéissance au Père, l’union totale de sa volonté humaine à la volonté divine. Et Il parle de nous, les vivants et les défunts.
De quoi parlent le Père et le Fils ? – Ils parlent de nous, et avec quelle considération ! Nous sommes « ceux que le Père a donnés au Fils », appelés à la connaissance parfaite de la vérité. Cette parole du Fils à notre sujet nous consacre ; elle atteste notre dignité : donnés par le Père au Fils ; rendus au Père par le Fils ; investis de la connaissance du Fils et du Père ; tirés du monde et toutefois présents dans le monde ; gardés et protégés par l’amour mutuel du Père et du Fils ; et promis à la grande joie de Dieu. Nous l’apprenons dans ce message divin : le but de l’Incarnation est le partage aux hommes de la joie du Fils.
Que la parole et le message de ce jour transpercent notre cœur, nous bouleversent, nous remplissent à la fois de crainte devant la grandeur de notre dignité de baptisés, de repentir en pensant à notre inconscience, et d’une immense gratitude car nous n’avons rien fait pour recevoir l’immense cadeau d’être consacrés à Dieu, d’être son peuple. Le brisement de notre cœur signifiera l’éveil de la conscience spirituelle : nous appartenons au Seigneur par notre foi, par le baptême au Nom précisément du Père et du Fils et du saint Esprit. Mais nous ne sommes pas seulement les enfants gâtés du Bon Dieu, des privilégiés, injustement dotés de la grâce divine ! Cette élection et cette appartenance divines nous créent une responsabilité devant le Père et le Fils. Notre mission de baptisés procède de notre dignité. En particulier, nous sommes responsables de la joie de Dieu, de la faire rayonner afin que d’autres que nous y aient part également.
(Radio Notre-Dame 11 octobre 2015)