L’accomplissement –
Nous l’avons déjà dit : le grand Carême commence par la fin. L’évènement de ce jour est l’aboutissement de tout un chemin qui commence avec l’appel de Lazare d’entre les morts, se continue avec Marie l’Égyptienne par la rupture avec le monde déchu et son pouvoir, notamment l’argent corrupteur ; se poursuit par l’acquisition du discernement des esprits à la prière de saint Jean Climaque, par le renoncement aux passions égoïstes grâce à la Croix victorieuse, et par l’acquisition de la grâce divinisante dont témoigne saint Grégoire Palamas : l’Icône, sacrement de la ressemblance divine, théophanie des énergies divines déifiantes, accomplissement de la vie de l’homme libéré du pouvoir de la mort, est vénérée en ce jour comme triomphe de la vraie foi. Pourquoi ?
L’Icône et le Salut
Elle répond à l’injonction de l’apôtre Philippe : « Viens et vois ! » La première icône est le visage du Dieu Homme qui se penche vers Adam. L’icône est un visage tourné vers les hommes. Dans la vraie foi tu identifies le Verbe vrai Dieu et vrai Homme, tu le reconnais comme Seigneur, et tu confesses la vraie foi comme le fera bientôt le glorieux apôtre Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ! ». L’anti judaïsme et l’anti sémitisme sont dépassés ! Aujourd’hui, Nathanaël, en porte-parole de l’Israël de Dieu, en témoin du judaïsme le plus pur et le plus profond, atteste l’identité de Jésus Christ, le Verbe fait chair et fait homme, l’image et l’icône parfaite du Père : « Tu es le Fils de Dieu ! Tu es le Roi d’Israël ! »
La confession de la Foi
Il vénère l’Icône absolue, Icône des icônes, et il prononce le témoignage définitif, confessant Jésus à la fois comme Fils de Dieu et Dieu, et comme homme, en tant que Roi d’Israël, chef de toute la tradition biblique. La foi de la Cananéenne était encore imparfaite : elle confessait Jésus comme Messie, l’homme qui a reçu l’onction divine ; elle ne le connaissait pas comme Dieu. Nathanaël, qui est, non pas Cananéen, mais pur Juif, confesse la foi totale : « Tu es le Fils de Dieu ! » ; or qui dit « fils », dit « père », et qui reconnaît le Fils ne peut le faire que par l’Esprit – Trinité sainte, gloire à toi ! Le premier dimanche de Carême est ainsi le dernier parce qu’en lui aboutit toute conversion, tout repentir, toute purification, toute catéchèse et tout baptême. La vision de Dieu, ou mieux : la vue de Dieu, est l’enjeu de toute existence créée, particulièrement de l’immersion baptismale. Nathanaël confesse la foi qui autorise les catéchumènes à être baptisés, à recevoir l’onction suprême de l’Esprit du Père, et à communier au Corps et au Sang du Dieu Homme.
Le renouvellement de la grâce baptismale
Aujourd’hui retentit pour chacun de nous un défi de l’Esprit qui provoque notre conscience pour renouveler notre foi baptismale, et réveiller nos légitimes prétentions à voir le Seigneur dans cette vie et dans l’autre. En effet, la glorification de l’Icône est la finalité du Carême : mais elle est également l’aboutissement de la Création tout entière et la fin de l’Histoire universelle. Eschatologique est le dimanche du Jugement dernier ; eschatologique encore est ce temps du saint et grand Carême. L’Histoire humaine a la forme d’un vecteur orienté vers la transfiguration de tout par le saint Esprit, en réponse à la vraie foi et en synergie avec elle, vraie foi dont l’Esprit est Lui-même l’inspirateur divin !