La Semaine lumineuse –
La semaine qui s’accomplit aujourd’hui, cette semaine appelée à juste titre « radieuse » et « lumineuse », découlait de Pâques. Elle prolongeait la nuit de la Résurrection. Elle était un fleuve de lumière jaillissant de la nuit de l’intimité divine, car la nuit pascale est une nuit de lumière, une lumière paradoxale, une lumière qui n’est pas de ce monde et que le monde appelle nuit parce qu’elle dépasse tout ce que l’optique de ce monde peut appeler lumière, vue, perception, intellection et clarté. Et ce fleuve de clarté divine s’est décliné, jour après jour, dans l’éventail de l’unique célébration pascale, comme dans un seul jour irradié en six aurores, du lundi au samedi radieux ; comme une création, sinon nouvelle, en tout cas renouvelée.
L’expérience pascale
L’expérience liturgique des baptisés, tous ceux et celles qui ont émergé de l’eau sainte du Jourdain mystique, est principalement l’expérience pascale, et cela, tout au long de l’année. En effet, pendant toute l’année, la forme même du temps liturgique et des offices que nous célébrons, est la forme pascale, la forme résurrectionnelle du temps et de l’espace. Chaque dimanche est le jour de Pâques ; chaque semaine a le plan de la Semaine sainte. La vie des baptisés, le temps et l’espace de leur existence, procèdent de l’expérience pascale, celle de la semaine qui conduit à la Pâque du Verbe, ou celle qui s’écoule naturellement de cette Pâque, dans le sang et l’eau qui sourdent du côté percé du Dieu Homme.
L’actualisation liturgique
La célébration actualise : elle ne répète rien ; elle atteste le présent, l’aujourd’hui de la Résurrection, le matin de Pâques, la course au tombeau éclaté, la lueur éblouissante du soleil de la Terre sainte ; la joie des saints Apôtres ; les larmes des Femmes apostoliques. Et, quand l’Évêque proclame « paix à tous ! », il atteste la présence du Verbe ; il parle de sa voix, il bénit de sa main, il sourit de son sourire grave de Maître, de Ressuscité, d’Image du Père, de Pasteur suprême, d’Agneau sanglant et glorieux. Le temps est venu de retrouver, non le sens, mais le réel de l’action liturgique comme évènement pascal. « Heureux ceux qui, sans voir, croiront ! », dit le Verbe.
La mystique sacramentelle
Oui ! Et heureux ceux qui, pour avoir cru, verront, entendront, toucheront, goûterons la saveur et humeront le parfum de cette divino humaine présence du Verbe ! Heureux ceux pour qui la célébration de la divine Liturgie est, dans une actualisation éternelle, le repas eucharistique de la présence palpable du Maître bien aimé, dont nous buvons les paroles divines et dont nous mâchons les mots ! « Mon Seigneur et mon Dieu ! », dit Thomas. Moi aussi, je veux dire « mon Seigneur et mon Dieu ! », quand je communie au Corps très pur et au Sang très précieux de mon Dieu et Maître, le Verbe fait homme et chair. Heureux suis-je, heureux sommes-nous, qui savourons le banquet du Dieu-chair et Dieu-homme. Le jeûne du saint carême nous a rendus gourmands de lui : « mon Seigneur et mon Dieu », dirons-nous avec ivresse, avec succulence et ferveur !