La prière de louange –
L’évangile de ce jour a sa place dans la quarantaine de préparation à la joie de la Nativité. Il nous indique le but de l’Incarnation du Fils de Dieu et de sa naissance selon la chair : redresser l’humanité courbée pour qu’elle rende gloire à Dieu. Tout ce temps comporte l’ascèse de la joie. Exerçons-nous à glorifier le Seigneur ; adoptons la prière de louange comme prière principale, en la repérant dans les textes liturgiques, dans les psaumes, notamment le cathisme 20. Rappelons-nous que l’enjeu même de la vie avec le Christ dans l’Église est la joie, l’allégresse angélique, la glorification du Père. « Redressons-nous » et louons le Seigneur, tel est le message de ce jour.
Les gestes de Dieu
En ce jour, le Seigneur Dieu venu en Personne dans le monde fait, une fois encore, un signe public. Il a certainement une compassion particulière pour la personne de la femme courbée, dont Il connaît le nom. Mais, en même temps, comme si souvent, Il parle par un acte. Dieu parle en faisant. Il nous donne aujourd’hui le signe éloquent de la femme courbée, personnage dans lequel nous pouvons reconnaître une civilisation incapable de lever les yeux vers le ciel, complètement courbée vers les préoccupations matérielles ; nous pouvons y reconnaître également l’état attristant de notre propre personne incapable de prière ou d’action agréable à Dieu ; nos communautés elles-mêmes, si croyantes, si courageuses pour garder la foi et la tradition apostolique et patristique, ne peuvent éviter de se regarder au miroir de la femme courbée.
Pas de saints tristes
Notre prière, en effet, est souvent privée de joie, pauvre en contemplation, sans véritable connaissance du Seigneur, désertée par une véritable expérience du saint Esprit. Nous nous courbons beaucoup ; nous penchons vers des soucis réels certes mais affligeants. Nous sommes tellement inclinés vers les préoccupations du monde et de nos communautés ecclésiales, que nous ne nous voyons pas toujours la présence du Christ dans notre dos, ou même en face de nous. Le carême de Noël, l’Avent, est le moment de redresser, non seulement la tête, avec joie parce que le Christ « vient, de nouveau, avec gloire », comme le dit le grand Symbole de la vraie foi, mais notre corps tout entier, toute notre personne.
La prière debout
La gloire de Dieu, dit saint Irénée, c’est l’homme debout. Liturgiquement, nous prions debout, nous écoutons le saint Évangile debout ; nous nous levons et nous marchons vers la Coupe où repose l’Agneau. Quand nous nous prosternons, c’est pour nous relever, et, en nous relevant, celui que nous voyons est, en sa sainte icône, le Christ miséricordieux. Il est temps d’examiner notre conception de Dieu et notre conception de la religion. Et nous pouvons faire cet examen à l’aune de la joie divine, à la lumière de la Lumière en personne qui vient dans le monde, dans notre vie, dans celle de nos familles et dans la société civile elle-même. Le temps de Noël, même s’il est souvent le temps du matérialisme et de la pression commerciale, n’échappe pourtant pas à la lumière de la Lumière.
Lumière de la Lumière
Aucun prétendu Père-Noël et son chariot n’effacera saint Nicolas et tous les vrais disciples du Christ. Et les étalages de nourriture et de cadeaux préparés de longue date pour la vente n’effaceront pas l’invitation au banquet eucharistique où est préparé le Cadeau par excellence, offrande que le Seigneur fait de lui-même. « Redresse-toi ! », nous dit le Christ ; redresse-toi, car Je suis là, pour toi, pour ta joie, pour me donner à toi en nourriture et en boisson divines ! « Tenons-nous bien ! », chante encore le diacre quand vient le Christ en Parole et en sa Coupe mystique, et tous se lèvent pour chanter avec les anges : Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi !