L’œuvre du Messie –
L’évangile que nous venons d’entendre résonne dans le contexte de la préparation à Noël, cette période appelée l’Avent, un temps pour justement relever la tête avec espérance, avec perception charismatique de la venue du Seigneur en son monde. Le Christ est Dieu le Verbe en personne fait homme et identifié en cela avec le Messie attendu par Israël. Il est celui que l’humanité désire, comme le dit le prophète Isaïe (26, 8). Il vient redresser l’homme courbé vers ses préoccupations matérialistes ou par le découragement devant l’horreur de la condition humaine. Il veut, et c’est tout le message de Noël, faire à l’homme relever la tête vers ce qui est grand, beau et généreux. Il le veut debout et libre de toute addiction et de tout asservissement. Saint Irénée le dit : « la gloire de Dieu, c’est l’homme debout ! » Dans la bouche du prophète Isaïe résonne un refrain : « levez les yeux au ciel et regardez ! » (51, 6 ; 40, 26) ; « lève-toi et deviens lumière, car elle arrive, ta lumière ; la gloire du Seigneur sur toi s’est levée » (60, 1-2) ; et le Christ Sauveur y invite ses disciples : « redressez-vous et relevez la tête » (Luc 21 28).
Notre temps
La Femme courbée est pour notre temps l’image de l’humanité déchue qui se replie pour accuser le choc des évènements, le bombardement médiatique de l’information et de la désinformation. On se replie sur soi, on se met en boule devant ou dans la souffrance ; on se cache devant ce qui arrive et qu’on redoute, on voudrait quelquefois ne pas voir et ne pas savoir. Dans ce contexte, la parole du Christ résonne : « sois délié de ton infirmité ! ». Elle nous délie et, parce que nous l’entendons, nous nous redressons et nous voyons. L’aveugle de Jéricho également commençait par entendre la voix miséricordieuse du Verbe et ouvrait ensuite les yeux. La peur qui « tenait liée » une bonne partie de nos contemporains à l’époque de l’épidémie, les tient souvent maintenant encore quand ils entendent ce qui enflamme et ensanglante le monde.
Le triomphe apparent de l’Adversaire
La tentation est, dans leur cécité, de voir le mal triompher partout. L’Adversaire tend à se faire prendre pour un dieu, tellement sa victoire apparente est spectaculaire. Mais, en ce temps d’attente de la glorieuse Nativité, le Verbe Lumière nous dit tout autre chose : « sois délié de ton infirmité », exorcisé de ta peur et de ta soumission au Prince de ce monde. Et, comme la Femme courbée, nous nous redressons et nous rendons gloire à Dieu. Les célébrations de la Nativité portent ainsi, par leur message de lumière et par la lumière qu’elles font resplendir, même artificiellement, dans le monde, l’antidote du découragement, de la peur et du désespoir. « Debout, les nations ! », dit l’Esprit par la bouche du Prophète (Joël 4, 12).
Le charisme des saints
Nourrissons-nous des lectures prophétiques en ce temps de préparation. Lisons et relisons en les écoutant – je dirais : « lisons de toutes nos oreilles » – les pages apocalyptiques des évangélistes, le chapitre 21 de Saint-Luc, par exemple, pour nous pénétrer de l’attitude que le Seigneur et Sauveur demande à ses disciples. Que ceux-ci soient debout, se tenant droits, devant la lumière qui vient, et d’autres se lèveront autour d’eux. L’obéissance des saints et des martyrs, qui écoutent la parole de Dieu et deviennent voyants, peut galvaniser l’humanité et la faire passer du royaume de l’ombre et de la mort, comme dit le Prophète, à la lumière et la luminosité du Royaume. Baptisés, nous sommes responsables de la lumière ; nous sommes les porte-lumière ; nous sommes la lumière du monde parce que, comme nous le chantons, « nous avons vu la vraie Lumière », qui éclaire les nations et qui est la gloire du peuple d’Israël pour le guider vers la paix de son Dieu.