Dieu parle en action –
L’épisode que rapporte en ce jour saint Luc est, comme souvent, un évènement historique qui a valeur pédagogique. Les paraboles évangéliques sont, pour Dieu, des façons imagées de se faire comprendre ; et les actes historiques de Dieu sont en quelque sorte des paraboles, parce que Dieu se fait comprendre des hommes par des signes autant que par des paroles. Dieu parle par l’action. Et nous voyons que, dans le monde tel qu’il est, et tel qu’il est décrit ici – monde déchu et agité par les puissances diaboliques – Dieu vient, agit pour la santé et pour le Salut, et repart ensuite en laissant ses disciples annoncer son royaume.
Le rythme divin
Dieu vient, en ce jour, Il « aborde aux pays des Gadaréniens », et ensuite Il « remonte dans la barque et repart », non sans avoir enjoint à celui qui a été sauvé de témoigner. Cela ressemble à la fin de l’Évangile selon saint Matthieu ou selon saint Luc, quand le Seigneur Dieu, ayant accompli sa mission parmi les hommes, se sépare d’eux en leur laissant une mission. Tel est le rythme de l’Histoire : interventions divines, par le ministère des prophètes, des saints ou des anges, ou de Dieu en personne ; service et accompagnement des hommes ; puis retrait en faveur d’une autre présence, généralement celle de l’Esprit.
Lire l’Histoire
Apprenons à voir dans l’Histoire ces interventions, ces retraits, ces formes de présence et ces façons de s’absenter, qui sont caractéristiques du comportement divin. Pensons même à la création du monde, alternance entre agir et retrait divins. En réalité, si la présence divine dans le monde nous est bien souvent, que Dieu nous pardonne, insensible ou indifférente, son retrait est angoissant. Que devenons-nous si Dieu se retire ? Qu’allons-nous faire s’Il nous abandonne ? Que deviendrons-nous sans lui ? Pensons à l’angoisse des apôtres et des autres baptisés entre l’Ascension et la Pentecôte, rythme typique du comportement divin.
Notre propre vie est divinement rythmée
Regardons dans notre propre vie : combien de fois, depuis notre tendre enfance, le Seigneur n’a-t-Il pas visité notre vie ? Combien de fois ne s’est-Il pas rendu présent, en personne ou par l’intermédiaire de saintes personnes, d’une parole, d’un évènement à caractère angélique ? Essayons de nous souvenir… C’était comme une joie inexpliquée, comme un miracle inattendu, une rencontre inespérée, une lecture qui répondait à nos questions, un repos bienvenu après l’effort, le travail ou l’inquiétude. Combien de fois également ne nous sommes-nous pas sentis livrés à nous-mêmes, à nos propres forces, ou plutôt à notre propre faiblesse ? Combien de fois ne nous sommes-nous pas sentis abandonnés de tous et même de Dieu : « mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m’as-Tu abandonné ? »
Notre vie est rythmée par des visites miraculeuses et des retraits divins angoissants. Mais comprenons que, lorsqu’Il se retire, comme aujourd’hui du pays des Gadaréniens, c’est pour laisser la place à nous et au saint Esprit qui veut faire de nous des porte-parole du Seigneur, que sa visite a transformés pour toujours.