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Évangile du 7ème dimanche après la Pentecôte : Matt 9, 27-35

les 2 aveuglers de Jerico

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La royauté du Christ –

Le temps après la Pentecôte est le temps de l’Esprit ; il est le temps du Royaume, parce que c’est par son Esprit que le Verbe Roi règne « revêtu de majesté » et de splendeur. Dans chaque célébration dominicale, le diacre proclame et chante une des innombrables merveilles de la royauté du Christ. Le Fils de David est aujourd’hui acclamé par les aveugles comme Il l’est dans son entrée dans la Ville royale par ceux qui voient, par les enfants et par tous ceux qui ont été témoins de sa souveraineté sur la mort quand Il rappela son ami Lazare du royaume souterrain, celui des enfers et de l’ombre de la mort. Et ces aveugles, déjà voyants, viennent à la rencontre du Roi « arrivé dans sa maison ».

Face à face avec Dieu

De même, les chérubins, s’aveuglant la face de leurs ailes, s’approchent pour l’honorer de Celui qui est glorifié dans la maison du Père où il habite… Nul ne peut voir Dieu sans mourir : insupportable face à face avec la suprême Divinité ! Lumière inaccessible de la Demeure du Père ! Cette demeure bien modeste de Capharnaüm est ainsi, par sa pauvreté même, l’emblème d’une royauté qui n’est pas de ce monde et qui ne demande donc aucun des signes de ce monde pour être le palais du Roi.

Une voix d’en deçà de tout

Et le Roi débordant de l’Esprit du Père leur dit d’une voix extraordinaire, au timbre le plus doux, le plus majestueux, le plus digne et le plus humble qui existe, d’une parole d’en deçà de tout : « avez-vous foi que Je puisse faire cela ? » ; me reconnaissez-vous comme roi, comme Roi des rois ? – car aucun roi de ce monde n’a jamais donné à des aveugles de voir ; me sacrez-vous Seigneur de la lumière et des ténèbres ? – car aucun seigneur de ce monde n’a jamais fait miséricorde, ce que demandaient les aveugles : « Fils de David, Roi d’Israël, miséricorde ! » – mais Dieu seul est miséricordieux, et Miséricorde en personne.

Adonaï

Et les deux aveugles, venus vers le roi de ce monde, depuis le monde des ténèbres et de la mort, l’appellent Seigneur ; et « seigneur » veut dire Dieu, Adonaï ! Aveugles comme ils sont, par quelle vision suprême, par quel charisme de l’Esprit, voient-ils en Jésus Christ quelqu’un d’autre qu’un thaumaturge ou un charlatan de ce monde ? Comme ces aveugles sont voyants ! Comme ils ont la vue perçante pour discerner le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois ! Comme ils sont remplis de la grâce de l’Esprit pour contempler en Jésus Celui que l’Esprit transfigure en Qui Il est, le Fils Unique-engendré et Verbe du Père ! Et comme ils ont obtenu par l’Esprit que le Verbe se dévoile dans toute la puissance du même Esprit comme Créateur : dans le principe, Il modela l’homme de la matière du monde qu’Il avait déjà créé ; Il leur touche les yeux des mêmes doigts divins, les doigts ici divinisés de l’Adam nouveau. Il les touche et les fait voir en chair et en os Celui qui au Paradis agissait de façon incorporelle encore ; et à cet autre qui passait par là, un muet possédé, jouet des esprits inférieurs au Ciel, d’une parole, comme Il avait créé le monde, Il donne la parole, comme Il l’avait donnée au premier Adam.

Le charisme du Peuple

Merveille !, ont crié les foules, et à juste titre, car ici et en ce jour, qu’actualise la sainte célébration de la Liturgie de l’Église, le Fils s’est manifesté par l’Esprit ; l’Esprit s’est manifesté par le Fils ; le Père a montré sa miséricorde par son Verbe et par son Souffle, ses deux « mains », comme le dit saint Irénée. « Jamais il n’y a eu pareille manifestation en Israël ! », dit le Peuple : du jamais vu, de l’inouï ! Le Peuple de Dieu est saisi par le charisme prophétique, rempli à son tour par l’Esprit saint, qui le fait chanter, célébrer et louer l’évènement merveilleusement lumineux, le « phénomène », comme ils disent, de la théophanie du Verbe divin par le saint Esprit !

(Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie » le 15 juillet 2018)