La théophanie quotidienne –
En ce temps lumineux des « théophanies », nous glorifions la glorieuse Nativité, la non moins glorieuse immersion du Verbe incarné dans le Jourdain qu’Il a créé, et nous suivons notre Maître et notre Seigneur dans la théophanie quotidienne de sa vie parmi les hommes. Nous ne le suivons pas à distance, prudemment, sans nous engager, comme on suit de loin quelqu’un dont l’enseignement est certes intéressant mais dont on ne sait pas très bien si l’on peut croire en lui et se laisser conduire par lui.
Suivre Jésus
Au contraire, en vrais disciples, nous le suivons pas à pas, nous mettons le pied où Il a marché ; nous mangeons comme Il mange, nous tentons de jeûner comme Il jeûne, notre ambition est de l’imiter en tout, dans ses paroles, dans sa pensée et dans ses actes. Si nous en avons la force, nous irons jusqu’à imiter son inimitable et divin amour, et à donner notre vie, non seulement pour ceux qui nous aiment, mais encore pour nos ennemis. Jusqu’où ne nous conduira pas l’amour passionné pour Celui qui a les paroles de la vie éternelle ? Nous prétendons être de ceux qui ont répondu à l’appel du Maître quand Il nous disait, en nous regardant avec douceur et amour : « suis-moi ! ». « Viens avec moi ! ». « Sois mon disciple ! ».
L’attraction par la Lumière
Pour nous qui vivions „dans le sombre pays de la mort, la lumière” est apparue, et nous avons été, tels de beaux papillons de nuit, attirés par cette lumière. Les mages étaient venus de loin, aimantés par cette lumière. Les bergers avaient traversé l’obscurité pour la rejoindre; les anges eux-mêmes, si proches de la lumière divine, virent un éclat qu’ils n’avaient pas contemplé: la lumière de celui qui est Lumière en personne, la Lumière hypostasiée du Père, la Lampe de l’Esprit de Lumière! Et nous, semblables à tous ceux-ci, non inférieurs à eux, non moindres qu’eux par la foi et l’enthousiasme, nous nous sommes mis en route pour rejoindre celui qui est lumière – non seulement pour le suivre, mais pour nous nourrir et nous abreuver de sa lumière. La lumière du Christ est une nourriture d’immortalité et un breuvage d’éternité.
La lumière du Royaume
Nous avons rejoint le Royaume où le banquet de la lumière était préparé pour tous ceux qui le veulent. Nous avons tendu la main et touché le Pays où règne notre Roi. Nous avons su que sa parole est vraie et que ce Royaume est „tout proche”, accessible, préparé pour tous! Nous pensions peut-être que ce Royaume était inaccessible, inaccessible la vie en Dieu; impossible pour nous la connaissance de Dieu; impensables, la vie éternelle et la saveur de l’amour divin; irréel un monde véritablement humain, de douceur, de paix et de bienveillance; trompeuse peut-être même la parole: „gloire à Dieu au plus haut des cieux! Paix sur la terre! Bienveillance parmi les hommes!” C’était pourtant cela l’annonce du Royaume proposé à tous, accessible dans la grotte, proposé aux étrangers comme les mages, aux simples comme les bergers, et aux contemplatifs que sont les anges.
Le cadeau du Sauveur
C’est cela le cadeau que le Fils de Dieu offre en échange de l’offrande des mages, des bergers et des incorporels: son Royaume! Vivre avec lui tout le temps! Jouir de sa présence, de son amour et de sa sagesse tout le temps! Passer avec lui de la mort à la vie! Connaître par lui le Père éternel Source même de la Divinité et Créateur des siècles! Toutes les paroles évangéliques que nous entendons en ce temps glorieux indiquent la porte toute proche du Royaume où le banquet de la lumineuse parole de vie est préparé.
La dynamique pascale
Toutes ces paroles organisent déjà la Pâque, le festin nuptial servi dans la chambre haute, pour la consommation de l’Agneau reconnu par le Précurseur. Ayons cette conscience que tout ce que nous entendons dans les offices liturgiques de l’Eglise ces temps-ci constitue une préparation à la Pâque – ou plutôt: la Pâque est commencée, ce grand passage de la mort à la vie, de la faim au rassasiement, de la soif à la désaltération. De Noël à Pâque, c’est un seul et même élan divino humain qui nous entraîne, si nous le voulons bien, vers le Père!