Le dimanche de la Cananéenne –
Selon l’usage de l’Église roumaine, nous avons entendu l’évangile de Zachée dimanche dernier et nous entendons aujourd’hui celui de la Cananéenne. Ces récits historiques ont un sens mystique : la rencontre personnelle avec la personne du Dieu et Verbe, le Seigneur Jésus-Christ. Celui-ci vient à la rencontre de Zachée et Il se laisse rencontrer par la Cananéenne. Et aujourd’hui 2 février, nous écoutons cette parole en occurrence avec un autre évènement historique : la présentation de Jésus enfant par ses parents au Temple. C’est également une rencontre, la sainte Rencontre de Dieu le Verbe et des représentants de la tradition juive : le vieillard Siméon et l’ancienne Anne.
Le dialogue divino humain
Nous comprenons bien que ce qui donne un sens à l’Histoire universelle, à notre histoire personnelle, à celle de nos familles et de nos communautés de foi, paroissiale ou monastique, ce sont ces moments où nous croisons le Seigneur – qu’Il vienne vers nous ou que nous allions vers lui. Saint Dumitru le Confesseur a souligné que le sens de la création tout entière se trouve dans le dialogue du Seigneur et de la personne humaine. Notre prière personnelle, nos offices liturgiques ont ce dialogue comme contenu. Et le Christ lui-même incarne dans sa personne divine la rencontre de l’humain et du divin, de la volonté divine et de la volonté humaine. Ainsi le message biblique de la rencontre est-il au fondement de la compréhension que nous pouvons avoir de la réalité extérieure et intérieure : l’histoire humaine est celle de l’Alliance unique que Dieu lui-même renouvelle quand Il la scelle par le don de son sang et l’envoi de l’Esprit.
L’œuvre du saint Esprit
Glorifions justement l’Esprit, le Seigneur, le Saint et le Vivifiant ! Nous voyons bien comment Il a inspiré Zachée à « chercher à voir Jésus ». C’est lui, l’Esprit, qui nous met en mouvement vers le Verbe. La quête du Dieu vivant a son origine dans le Dieu vivant. Dieu en nous, Dieu Esprit, nous inspire de rencontrer Dieu le Fils. La Cananéenne, que fait-elle d’autre que de se mettre en mouvement vers le Sauveur ? Poussée par l’Esprit elle demande le salut de son âme : « Miséricorde, Fils de David ! » L’Esprit en nous se fait prière, comme l’a dit l’apôtre Paul. L’Esprit en nous crie : Père ! Ou : Seigneur ! Ou : Fils de Dieu ! Et l’Esprit en ce jour a conduit le vieillard Siméon et la prophétesse Anne à la rencontre du Verbe fait chair, comme il est écrit : Siméon « vient dans le Temple, poussé par l’Esprit ».
L’approche du saint Carême
Comprenons ce que le Seigneur nous enseigne en ce temps qui annonce le grand Carême. Il met devant nos yeux des exemples éloquents. Il nous appelle à la conversion en vue du Royaume qui est si proche. Il nous montre en Zachée une personne qui se convertit, en la Cananéenne, une personne qui met tout son espoir de salut en Dieu et, dans les deux anciens, Il nous montre par le symbole du Temple, combien le respect de la loi et des diverses injonctions divines nous prépare à le rencontrer. Il montre l’importance de la Loi et du Temple et Il montre simultanément que la profondeur de notre religion est dans la mystique de la rencontre divino humaine. Le saint Carême sera pour nous confrontation de notre vie aux commandements du Seigneur, certes, mais surtout découverte émerveillée du dialogue de personne à personne avec le Seigneur !