La préparation –
Comme la Pâque est très tôt cette année, nous entendons aujourd’hui l’évangile du publicain et du pharisien : nous savons alors que nous entrons dans la période bénie de préparation au saint Carême. Celle-ci a été elle-même précédée par le temps qu’ouvre le saint Baptême du Seigneur et Messie. Nous allons de préparation en préparation, et même les formes d’accomplissement constituent une préparation à un accomplissement encore plus grand dans l’infini de notre communion avec notre Créateur et notre Dieu.
La vie éternelle
En fait, la vie éternelle, si l’on peut dire qu’elle a un commencement, débute déjà ici et maintenant, dans ce monde, dans l’Église qui est au centre de celui-ci tout en l’embrassant par l’intercession de la Mère de Dieu et des Saints, par la miséricorde sans limite du Souverain de tout. La Pâque du Messie s’initie dans sa conception, un beau jour de 25 mars, quand Lui, Verbe et Fils unique du Père, met déjà à mort la mort en purifiant, dans le sein de la Vierge, toute l’hérédité pécheresse de la nature humaine. La Pâque s’initie encore lorsque ce même Verbe et Messie purifie le Jourdain de toute semence morbide par sa glorieuse immersion. Puis, Il mettra la mort à mort dans le désert en repoussant Satan, ce Prince de la mort. Et ensuite, Il continuera à gagner sur la mort par sa présence divine au milieu de son peuple et, par lui, au centre de l’humanité, car Jérusalem est au centre du monde. Il vaincra la mort par la compassion du Père qu’Il irradie autour de lui, par sa parole de vie, par son exemple d’humanité véritable et parfaite, par son amour pour les ennemis et, victoire suprême, par son humilité.
Priorité de la joie
La vie éternelle a déjà ainsi son principe dans ce monde. Le Salut a commencé. La joie du Père nous a été donnée. La paix et la bienveillance divines ont été diffusées parmi les hommes. Tout a déjà commencé. Et notre propre démarche de foi, joyeux et fiers disciples que nous sommes, s’initie dans le don de l’humanité nouvelle dévoilé dans la grotte, répandu sur la terre par Celui qui en est, en Personne, le porteur et le donateur. Nous entrons dans le pré Carême avec la conscience que tout est possible, puisque la perfection de l’humanité en Dieu est déjà là, à notre portée, comme un banquet préparé pour nous, dans l’Eucharistie à laquelle nous participons en invités et en bien-aimés de Dieu.
Les bases du Carême
La joie précède ainsi le repentir ; le don renvoie au Donateur ; la louange du Seigneur de miséricorde précède la supplication ; la bénédiction, comme le montre la sainte Liturgie, vient avant la litanie de demande. Et, c’est pour que nous goûtions ce bonheur déjà accordé, que le Seigneur nous avertit dans la parabole que nous venons d’entendre : une tradition religieuse vécue sans vanité et une prière du cœur prononcée avec sincérité, tels sont les deux piliers du Carême qui approche. Dans l’épître qui précédait cette proclamation, nous avons entendu l’Apôtre rappeler à son fils spirituel Timothée que le fondement de ces piliers est « dans la foi, la patience, dans l’amour du prochain et la constance » ; dans la « connaissance des saintes Écritures qui peuvent procurer la sagesse en vue du salut par la foi dans le Christ Jésus ».
La prière pour le monde
Ainsi, nous avons tout ce qu’il nous faut pour entreprendre le beau voyage au Pays de la Résurrection. Nous ne manquerons pas non plus de prier pour le monde que supplicient la guerre et l’injustice : l’acquisition de la compassion du Sauveur est un des enjeux du Carême. La prière pour le monde est celle que fait le Seigneur Messie du haut de la Croix. Nous apprendrons nous aussi à monter sur la croix pour le monde, dans le repentir. Le repentir pour le monde est le douloureux désir que l’amour du Seigneur trouve un écho dans le cœur des hommes, à commencer par nous-mêmes. Et cette douleur est l’âme de la prière pour le monde.