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Évangile du Triode – Le Publicain et le Pharisien : Luc 18, 10-14.

MERE DE DIEU 2019-09

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La divine impatience –

Nous approchons la porte d’entrée du Carême avec impatience, avec crainte, avec une grande émotion parce que c’est la période la plus belle de l’année, appelée le printemps de l’âme ! Elle coïncide avec le renouveau de la Création, du moins dans nos régions. Les branches des arbres ont commencé à bourgeonner ; en certains endroits, l’hiver étant plus doux, les premières fleurs sont apparues ; et les oiseaux cherchent à construire leur nid. Nous aussi, nous voulons tresser un nid pour y abriter ce qu’il y a de meilleur, de plus pur et de plus prometteur dans notre cœur ; les fleurs qui réclament la fécondation sont, en nous, toutes les tendances vivantes à recevoir du saint Esprit la grâce de se multiplier dans la vraie vie ; et les tiges profondes de notre être intérieur sont impatientes de bourgeonner en feuillage nouveau. Printemps de l’âme !

La grâce du repentir

Le Carême, ce temps du douloureux repentir, car nous portons le deuil de notre folie, est simultanément celui de l’allégresse : nous sommes capables des doubles larmes, que nous inspire l’horreur de nos fautes, et que nous donne l’émerveillement de la personne miséricordieuse de notre Dieu ! Or Celui-ci nous indique les chemins de ce printemps et de cette allégresse pascale : les deux formes de prière que nous mettrons en œuvre pendant quarante jours et bien davantage. Nous savons que ces deux types de la prière biblique sont la louange et la supplication. Les psaumes, qu’en bons héritiers de l’Alliance, en bons juifs mystiques, nous pratiquons tous les jours, nous initient continuellement à ce rythme de glorification et d’intercession, d’action de grâce et de demande.

Les deux prières

De ces deux jambes, l’homme marche sur la route de la connaissance de Dieu et du Salut. Avec la parabole de ce jour, celle du pharisien et du publicain, il nous est rappelé de quels instruments nous disposons. Mais en même temps, nous percevons un avertissement. La louange n’est pas une auto glorification et l’humble demande n’est pas une auto destruction. La prière ne va pas tellement de soi. On peut se tromper lourdement en croyant bien faire. La louange en a conduit plus d’un à l’idolâtrie de soi ; et une prière de repentir mal éclairée et mal accompagnée en a conduit plus d’un à la neurasthénie, à une fausse tristesse, au découragement ou à la haine du monde. Une louange incessante pourrait constituer notre respiration naturelle, parce que l’émerveillement à l’égard du Seigneur est sans limite.

Le critère de la joie

Une vraie glorification, une « juste glorification » comme veut le dire « orthodoxie », conduit à une joie insatiable, celle des anges qui, sans cesse, dansent en liesse autour du trône de l’Amour sans limite ! Une incessante prière de repentir pourrait nous conduire, elle aussi, à la grande joie, celle que donne la révélation de la miséricorde divine. Dans l’une et l’autre forme de prière, ce qui « justifie » l’homme, c’est-à-dire le fait réaliser l’icône de la justice miséricordieuse de Dieu, est l’allégresse qui survole celle des chérubins et des séraphins, celle de la Mère de Dieu. Celle-ci est vraiment la maîtresse de la juste louange et l’exemple inégalable de l’humilité. A la fois, son âme dit toute la grandeur de Dieu dans une hymne insurpassée, et sa bouche confesse qu’elle est « l’humble servante ». En vénérant l’icône de la Toute-sainte, nous serons initiés, pour ce beau carême pascal qui arrive, à l’humble glorification et au glorieux repentir – plus nous glorifierons le Seigneur, plus nous nous sentirons petits devant sa face ; et plus nous nous prosternerons devant lui dans la prière de supplication, plus la connaissance de sa bonté sera la gloire de notre cœur et de notre esprit !

(Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie », dimanche 21/02/21)
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