La parabole –
Avec la parabole du Pharisien et du Publicain, nous sentons qu’approche l’enivrante période du saint et grand Carême. Notre âme frémit d’impatience en sentant le printemps qui lui est promis. Par sa parole, le Seigneur nous guide et nous enseigne vers l’acquisition de la joie, la sienne, la joie pascale, la joie du monde qui vient. À la différence de l’épisode de Zachée ou de la Cananéenne, l’évangile de ce jour n’a rien d’historique. C’est une parabole, une de ces histoires juives que les rabbins utilisent pour se faire comprendre en profondeur. Et cette parabole si célèbre comporte plusieurs messages, enveloppés en quelque sorte dans son langage métaphorique.
Les messages divins
Le premier message concerne la relation personnelle avec Dieu. Elle est fondamentale. Elle est typique de l’expérience biblique. Aucun peuple sur la surface de la terre n’a connu Dieu de façon aussi réelle, aussi personnelle, aussi expérimentale. La Bible tout entière repose sur le dialogue de Dieu et de l’homme. Nous voyons bien que ce que les deux personnages de ce petit conte ont en commun est le fait qu’ils s’adressent directement à Dieu. Sachons que c’est d’abord ce qui nous est proposé pour cette quarantaine : avoir ou entretenir une forme ou une autre de dialogue avec notre Seigneur. Que nous soyons justes ou que nous soyons pécheurs, le fait que nous soyons en communication avec notre Dieu est la vraie planche de salut.
Être agréable à Dieu
Ensuite, le deuxième message qui nous est délivré est qu’il ne suffit pas d’être en communication et en dialogue avec le Seigneur, même si c’est tellement fondamental. Cela ne suffit pas. Il nous est proposé d’être agréables à Dieu et d’être bénis par lui. L’orgueilleux, celui qui se flatte de sa religion et de sa foi, ne saurait plaire à Dieu, parce que, si l’on comprend bien, ce n’est pas sa préoccupation. Le pharisien de l’histoire, à la différence de la plupart des pharisiens du monde judaïque, ne s’intéresse pas vraiment à Dieu : il ne s’intéresse qu’à lui-même et à l’image flatteuse qu’il donnera peut-être aux autres. Comment se soucierait-il de plaire à Dieu puisqu’il ne s’intéresse pas à lui ?
Le publicain et le pharisien
Le second personnage, si on le considère bien, ne s’intéresse pas non plus à Dieu : c’est la faiblesse d’une prière de pénitence qui revient à un égocentrisme, si l’on n’y prend garde. Pourtant, le Sauveur affirme qu’il lui est agréable. Être justifié signifie ici être trouvé juste ; être cohérent avec ce qui est juste du point de vue divin. Or, qu’est-ce qui est juste dans la prière de cet homme assez centré sur soi ? – c’est qu’il rend indirectement hommage à la miséricorde du Seigneur. Nous connaissons cela par la prière du Nom de Jésus, appelée encore « prière du cœur ». S’il est vrai qu’elle comporte le danger d’une trop grande concentration sur soi, notamment dans sa deuxième partie (« aie pitié de moi… »), elle est principalement une confession de la miséricorde divine. Dire à Dieu « fais-moi miséricorde » n’est pas autre chose que cela. Ce qui rend le publicain, et chacun d’entre nous, agréable au Seigneur – même si nous ne pensons qu’à nous-même, comme ces deux personnages -, ce qui nous promet de participer à la joie de notre Créateur, c’est le fait que nous glorifions sa miséricorde. Le pharisien semble ignorer cette miséricorde.
Dieu est miséricordieux
Or le Seigneur veut essentiellement être connu comme le Dieu de miséricorde ; c’est le but de l’Incarnation : révéler aux hommes, qui croient savoir que Dieu est juste, qu’Il est miséricordieux. Ce qui nous « justifie », pour employer ce mot, c’est la reconnaissance implicite ou explicite que Dieu est bon, qu’Il est patient, qu’Il ne demande qu’à pardonner, qu’Il est pardon par excellence, comme Il est amour par excellence ; Il est la miséricorde en Personne. Et, c’est vrai que c’est par l’expérience du repentir que l’on découvre que le Sauveur est l’amour et la miséricorde en Personne.