Le vieillard Siméon –
En ce dimanche de clôture de la sainte Rencontre, la Tradition présente à notre conscience le couple célèbre du Pharisien et du Publicain. Le lieu saint et sacré du Temple de Jérusalem, ce centre unique de la Création, accueille à la fois son Seigneur et les membres de son Peuple. Adonaï est entré dans son temple : Siméon le reçoit petit enfant dans ses bras ; Anne la Prophétesse le reconnaît et le glorifie. Siméon fut conduit dans le Temple par l’Esprit pour y voir « le Christ du Seigneur » avant de mourir. Dans ce même temple, poussés eux aussi par l’Esprit, viennent un publicain, homme de l’espèce méprisée pour son commerce avec l’occupant romain, et un pharisien, homme de la classe respectée des connaisseurs de la Loi.
Adonaï dans son Temple
Le Verbe entre dans son Temple comme fondateur et donateur de la Loi, comme Celui qui obéit jusqu’à la mort à la Loi qu’Il a léguée à son peuple par son serviteur Moïse. Le Pharisien entre dans le Temple comme observateur de la Loi et des coutumes. Le Publicain ose venir dans le Temple alors qu’il sent qu’il en est indigne qu’il pourrait en être chassé : son indignité, son impureté elle-même l’autorisent à s’y présenter, parce que ce temple est le Temple de la miséricorde. Le Seigneur de gloire, de justice et de miséricorde a purifié ce temple de tous les manquements à la Loi et l’a sanctifié par la lumière de sa compassion. Le Verbe se laisse conduire au temple par sa mère et par son père adoptif et instaure le culte nouveau, l’oblation que le Seigneur fait de lui-même : Il est à la fois Celui qui offre et Celui qui est offert, Celui qui reçoit et Celui qui se distribue et est distribué eucharistiquement au monde. Dans ce temple de l’amour absolu, le Verbe s’avance, porteur du temple de son propre corps, et fait entrer le temple non fait de mains humaines dans le temple conçu par Salomon.
Le juste et l’injuste
Dans ce temple doublement saint, viennent deux représentants du Peuple de Dieu et de l’humanité entière ; deux représentants de tous ceux pour lesquels, précisément, le Verbe veut donner son Corps et son Sang. Pensons-y : le publicain et le pharisien seront sauvés par la passion volontaire de leur Seigneur et de leur Dieu. L’un et l’autre le prient, conscients de sa présence invisible. Admirable est le mystère du temple dont Jésus Christ, Fils unique et Verbe de Dieu, se manifeste aujourd’hui le Pontife et le Sacrificateur exclusif et où viennent ceux qui cherchent le Salut qu’Il offre à tous les hommes. Le juste et le pécheur se présentent également devant Dieu et s’approchent du Christ invisiblement présent dans son Temple par le temple de sa chair déifiée.
Jésus Christ a donné sa vie pour tous
Le Seigneur Jésus veut monter sur la sainte et vivifiante Croix autant pour les publicains que pour les pharisiens, autant pour les justes que pour les pécheurs, pour ceux qui croient et pour ceux qui ne croient pas en lui, pour ceux qui le connaissent et pour ceux qui ne le connaissent pas, pour ceux qui l’aiment et même, s’il en existe, pour ceux qui le haïssent. La Passion du Verbe dans le temple de son corps rebâti en trois jours apporte le Salut à tous les hommes, les justes et les injustes, qui ne sont pas toujours ceux que l’on croit, ou qui se croient tels. En sa présence invisible, se manifestent les deux formes de prière que l’homme sait offrir à Dieu : la louange et la supplication.
Deux formes de prière
Nous entrons dans le Temple du Verbe et Sauveur du monde en présentant ces deux oblations de notre âme comme « un couple de tourterelles » (Luc 2, 24). Tantôt nous glorifions le Seigneur, car c’est le sacrifice de louange qui lui agrée ; tantôt nous le supplions, afin de devenir capables de le glorifier. Le publicain, ici, est celui qui, en brisant son cœur par un repentir suppliant, est rendu apte à offrir le sacrifice de justice et de miséricorde. En s’humiliant par la supplication, il apprend, non pas l’autoglorification, mais la juste glorification, c’est-à-dire la connaissance parfaite de la Vérité. Par « le cœur contrit et humilié » sera offert « le sacrifice de justice » (Ps. 50, 21), « le sacrifice de louange » qui « rend gloire » à Dieu (Ps.49, 23).