Le Fils de l’homme –
Nous venons d’entendre et d’écouter la page célèbre du saint Évangile dans laquelle le Christ décrit le Jugement ultime. Il parle de lui-même à la troisième personne et se donne comme souvent le titre biblique de Fils de l’Homme. Il est le Fils de l’Homme parce que, en tant que Dieu véritable, Il est également Homme véritable et parfait. Il est digne de ce nom parce qu’Il s’est montré le plus humain des hommes, par sa compassion, sa douceur, sa patience, son discernement et sa sagesse. En lui, tout ce qui est humain est divinisé, et tout ce qui est divin s’exprime dans l’humain. Nous nous émerveillons de cette Personne divine magnifique, porteuse de tout ce que l’homme peut espérer de divin et d’humain en cette vie et dans l’autre.
La prédication du Fils
Et c’est à Lui que revient la parole prophétique en ce jour où nous laissons toute alimentation carnée, symbole éclatant de violence et de sang versé. Nous entendons le Fils de l’Homme parler à notre cœur : ce que tu as fait ou pas fait au plus petit d’entre mes frères, c’est à moi que tu l’as fait ou pas. Cette parole nous saisit : elle n’est pas adressée à mon voisin ; elle me parle à moi personnellement. Nous pensons à tout le bien accompli ou omis à l’égard des frères, les membres du Corps du Christ. Bien souvent, notre dette est grande, car les premiers à pouvoir jouir de notre amour sont ceux de notre famille, de la famille du Fils de l’Homme, les saints baptisés et disciples du Sauveur. Pensons aux tristes omissions qui marquent l’année qui vient de s’écouler.
Le péché de la guerre
Bien entendu, nous savons que, non loin de nous, de nos jours et depuis trop longtemps, règne une horrible guerre fratricide, initiée précisément en ce jour, il y a deux ans ! Certains, qui venaient d’entendre ce même évangile, de célébrer le sacrifice non sanglant du Seigneur et de communier à son Corps et à son Sang, se jetèrent sur leurs frères pour les exterminer… « Ce que l’homme fait à l’homme » et donc à Dieu présent en l’homme, est au-delà des mots… On peut élargir la prophétie du frère au prochain, celui qui ne confesse pas la même foi que nous et qui n’appartient pas à la famille explicite du Fils de l’Homme : le prochain, c’est le voisin le plus proche, la personne qui est à portée de notre amour et qui n’a peut-être rencontré, comme Lazare le Pauvre, que notre indifférence.
Le « péché d’indifférence »
C’est le Christ que ce « péché d’indifférence », selon l’expression de l’abbé Pierre, a frappé. Ici, la dette devient gigantesque : l’omission, le manque à aimer atteignent les limites de la planète, et nous sommes insolvables ; que Dieu nous pardonne ! Qu’Il nous remette cette dette d’amour du frère et du prochain que nous ne pourrons jamais, à vue humaine, régler ! Mais, tournons notre regard ailleurs, vers nous-mêmes… Ce plus petit d’entre les frères du Fils de Dieu, qui est-il, également ? Mais, c’est moi ! C’est moi, ce prochain, ce frère, que j’ai négligé. Non seulement, j’ai peut-être nourri son corps et son âme de nourritures toxiques, d’aliments, de pensées, d’images, de propos mortifères.
Le péché contre soi-même
Non seulement je lui ai ainsi fait du mal, mais je ne lui ai pas fait le bien que je pouvais lui faire : je n’ai pas rendu visite au frère que je suis par mon attention à lui et je l’ai négligé ; je ne l’ai pas nourri de la parole de Dieu ; je ne l’ai pas revêtu de prière ; je ne lui ai peut-être pas offert l’hospitalité de l’Église, de sa liturgie et de ses sacrements ; je ne lui ai pas fait goûter le repentir ; je ne lui ai pas appris à louer le Seigneur en tout temps ! J’ai péché contre moi-même, ce plus petit des frères du Fils de l’Homme. Prends soin de toi, disait à juste titre un Frère à un autre. Il est un juste amour de soi, une sainte préoccupation du frère que je suis, qui consistent à lui faire tout le bien que le Seigneur veut lui faire : à l’aimer de l’amour dont l’aime le Christ monté sur la Croix pour lui…