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Évangile : Marc 9, 17-32 et Matthieu 4, 25 à 5, 12. Dimanche de st Jean Climaque

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Le catéchuménat –

Nous venons d’entendre un récit historique, comme souvent dans le saint Évangile. Notre foi s’enracine dans des faits avérés et dans une expérience. Remarquables sont la qualité et la précision de cette narration et la justesse des dialogues qui sont rapportés. Mais ce fait spectaculaire a sa place dans la pédagogie du catéchuménat pascal. L’exorcisme précède le saint Baptême. Il atteste que le mal dans le monde est l’œuvre de l’Adversaire, le Malin. Le mal a une origine spirituelle, angélique plus exactement, puisque le Calomniateur est un ange entré en guerre avec le Créateur.

L’œuvre divine dans le monde

Or Celui-ci, le Verbe qui a fait être le ciel et la terre, le monde angélique et le monde sensible, se fait homme et chair dans le sein de la Vierge et vient dans son monde avec la puissance de l’Esprit qui rendit la Mère de Dieu féconde. Le Verbe et l’Esprit du Père sont à l’œuvre dans le monde. Leur première action consiste à expulser, par la parole créatrice et pleine des énergies incréées, tout pouvoir usurpé : « Je te l’ordonne, sors de cette personne ! ». L’actualité de cette action est impressionnante. Confronté à la réalité douloureuse des guerres, de la tyrannie, de la misère, des génocides, notre esprit s’interroge pathétiquement ; il parle à notre cœur et l’interroge : pourquoi tout ce mal ? ; que puis-je, moi, faire pour le monde ?

Exorciser le monde

Le temps du saint et grand Carême est celui où les disciples de Jésus Fils de Dieu et Fils de l’Homme s’engagent dans la guerre mystique, celle qui fait la guerre à la guerre et qui, par la mort, met à mort la mort. Le Maître désigne Lui-même cette lutte qui consiste à exorciser le monde. Les ascètes, les saints, les justes, et, puisqu’il s’agit de nous, le fidèle et le prêtre de base, sont des exorcistes travaillant avec le Créateur. Celui-ci nous y invite. Il s’inquiète de notre impuissance de disciples mais Il l’assume. Il met en avant la foi, même petite et qui a besoin d’être fortifiée par lui. Il définit le combat : ce n’est « que par le jeûne et la prière » que l’Adversaire peut être détrôné de ce monde.

L’enjeu du saint Carême

Voilà donc l’enjeu de notre engagement carémique : nous jeûnons et prions pour le monde ; nous répondons aux informations catastrophiques en jeûnant, en priant, en assumant le repentir pour le monde. Et notre Maître montre que le couronnement de ce combat est la victoire pascale : Il relève l’enfant qui est « comme mort » ; et Il annonce la Résurrection : le Fils de l’Homme mis à mort, se relèvera, vainqueur de l’Adversaire et de toutes ses œuvre et ses illusions, comme le catéchumène qui renonce à Satan avant l’immersion. La question centrale de l’Histoire humaine est ici : Satan ne peut être converti car l’amour ne le touche pas ; mais il peut renversé et chassé par l’oeuvre du Christ Créateur et de ses disciples.

Le Christ présent dans le monde

Le combat ascétique des croyants et le baptême des néophytes est l’action divino humaine du Verbe dans le monde par son Corps. Chaque fois que le saint Baptême est célébré, le mal recule dans le monde. Chaque fois qu’un croyant prie pour que sa foi grandisse, la vie gagne sur la mort. Chaque fois que tu jeûnes et que tu pries, tu repousses l’Adversaire : si tu l’expulses de toi, tu l’expulses de l’homme ; tu œuvres pour l’humanité quand tu œuvres pour purifier ta vie de tout pouvoir satanique. Saint Jean Climaque enseigne justement cela. Le récit historique de ce jour s’adresse donc aux catéchumènes qui, par l’exorcisme, iront vers l’immersion dans la vie divino humaine du Dieu Homme et de l’Esprit.

L’utilité des chrétiens

Mais Il s’adresse à nous pour que notre activité de prière, de jeûne, de lecture de la Parole, d’aumône, de prière corporelle, de veille et de jeûne soit coordonnée à notre statut sacerdotal de baptisés. C’est avec le Christ et en lui que nous jeûnons et que nous prions pour le monde, que nous l’exorcisons pour lui ouvrir la porte du Salut. En ce temps, dans les épreuves actuelles et dans celles qui se profilent à l’horizon, les baptisés sont les plus utiles des hommes, s’ils comprennent quelle est leur mission dans la puissance de l’Esprit.

(a.p. Marc-Antoine, Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie », 14.04.24)