Le jeûne de la Nativité –
Nous retrouvons la parabole du Bon Samaritain avec joie. C’est une des pages du saint Évangile qui nous est le plus chère et qui a eu, historiquement, l’impact le plus grand dans la culture universelle. Nous l’entendons et l’écoutons aujourd’hui, en ce dimanche qui précède immédiatement l’entrée dans le jeûne de la Nativité, ce carême de Noël, ce carême de saint Philippe, de saint Grégoire Palamas et de saint Martin, patrons en quelque sorte de la quarantaine qui s’ouvre. En Occident, comme vous le savez, le nom d’Avent désigne cette période : cela signifie l’arrivée ou la venue.
Le retour glorieux
Il s’agit de la venue en gloire, le deuxième Avènement que nous attestons dans le Symbole : « De nouveau, avec gloire, Il vient, juger les vivants et les morts et son règne n’aura pas de fin ! » Dans l’évangile de ce jour, il est question de ce retour glorieux : « Aie soin de cet homme, dit le Samaritain à l’hôtelier, et ce que tu auras dépensé en plus, c’est moi qui le paierai à mon retour ! » Le Samaritain miséricordieux est une figure du Christ qui se dévoue à tous. Il verse l’huile et le vin de la miséricorde et de la vérité pour guérir l’homme blessé par les péchés et les passions ; Il tire de sa poche une somme d’argent, figure de la grâce du saint Esprit qu’Il donne pour que soit faite la volonté de son Père. Et Il promet de payer toutes les dettes qui auront été contractées par amour pour autrui, quand Il reviendra.
Marcher vers la lumière et la chaleur
A l’entrée de l’Avent, le message est clair. Nous sommes invités à suivre l’exemple de notre Maître : « toi aussi, fais de même ! » Le temps qui nous est donné est celui de la générosité et de l’amour compatissant, non seulement pour le frère, celui partage notre foi et notre vision du monde, mais également pour le prochain : celui qui n’est pas de notre famille, de notre religion ou de notre nation. Le Christ élargit le registre de la compassion au-delà des limites religieuses et culturelles, au-delà du nationalisme et du sectarisme que figurent à leur tour le prêtre et le lévite : pour des raisons d’impureté rituelle, ils se sont écartés du cadavre afin de ne pas se souiller. Pendant ce temps béni, nous allons nous enfoncer de plus en plus, quels soient les changements climatiques, dans le froid et l’obscurité. Nous allons nous préparer à goûter la chaleur de l’amour divin et la lumière de la révélation parfaite à l’abri de la Grotte.
La libération de soi
Si nous « faisons de même » que notre Maître, nous allons également gagner en liberté, pourquoi ? – parce que nous allons nous affranchir de ce qui nous asservit tellement : l’amour de nous-mêmes ! Celui qui fait miséricorde à son semblable se décentre de lui-même, il quitte la servitude de l’amour de soi, cet égocentrisme ou cet égoïsme qui, selon saint Maxime, est la racine de toutes les passions et de tous les maux. « Va, et fais de même », pour être libre de l’idolâtrie de toi-même, pour sortir du moi-moi-moi et conjuguer les verbes à la deuxième personne du singulier : Toi, le Seigneur ! Toi, le prochain ! L’itinéraire de l’Avent est ainsi celui de la liberté. Si tu te penches sur les souffrances et les besoins d’autrui, tu n’auras plus mal à toi-même : notre Maître nous apprend à avoir mal aux autres et à nous réjouir pour les autres.
Allons, et faisons de même ! Enseignons à nos enfants ce mode de vie divin, généreux et épanouissant. Cherchons avec eux toutes les occasions de faire plaisir aux autres, de consoler autrui, et de préférer autrui à soi !