L’Avent et la mort –
L’évangile de ce jour, premier dimanche du jeûne de la Nativité, éclaire cette période de plusieurs façons. D’une part, il y est question de la mort, et la période de l’Avent coïncide avec l’entrée dans la période hivernale. Le froid, malgré le changement climatique, la diminution de la lumière, la mise en sommeil de la végétation et la silhouette squelettique des arbres nous font penser à la mort. La création, en hiver, passe par la mort. Sous les climats les plus rigoureux, la terre devient dure comme la pierre ; l’eau gèle et se pétrifie ; plusieurs espèces animales se terrent et passent par un sommeil qui ressemble à la mort.
Le miracle de la vie
Or, précisément, dans l’évangile, est appelé « insensé » celui ou celle qui oublie qu’il est mortel ; celui ou celle qui n’observe pas les signes de la mortalité inscrits dans la création et ses saisons. En ce temps de l’Avent, le Seigneur nous rappelle que nous sommes mortels. Il nous rappelle que la mortalité n’est même pas pour plus tard : cette nuit-même, notre âme, c’est-à-dire notre vie, peut nous être demandée. Quand nous nous abandonnons au sommeil, pensons, nous dit le Seigneur, que c’est une petite mort, et que nous pourrions ne pas nous réveiller ! Du reste, les prières du matin rendent grâce au Seigneur de ne pas nous avoir abandonnés dans la mort et de nous avoir au contraire éveillés à la lumière du jour et à sa présence.
L’illusion de la richesse
D’autre part, la parole de ce jour nous enseigne sur la place de l’argent. Il y a un rapport entre l’argent et la mort, parce qu’il y a un rapport entre la vie et la mort ; entre la mort et toutes les passions qu’entretient l’argent : l’amour du plaisir, la possession, le pouvoir, la vanité. Il y a un rapport entre la mort et l’argent parce que, lorsqu’on est riche, surtout très riche, on se croit immortel ; on pense que rien ne pourra nous ôter le pouvoir extraordinaire que donne la richesse, ce pouvoir pourtant illusoire qui nous fait nous sentir vivants parce que nous sommes riches. Le pauvre pense à la mort parce que sa vie diminue à cause de la misère ; le riche se croit immortel parce que sa richesse est le signe de la santé, de la vie, du pouvoir, de l’existence sociale. Le riche se croit plus fort que la mort. Il pourrait presque acheter l’immortalité !
L’aumône
Toutefois l’argent, en ce jeûne de Noël, est associé à un autre message : celui qui concerne l’aumône. Nombreux sont les personnages de ce temps qui sont généreux de leurs biens. Saint Martin est appelé le Miséricordieux, comme le patriarche Jean, fêté dans la même période. Nous faisons mémoire, le 13 novembre, de saint Jean Chrysostome, un apôtre de la générosité matérielle ; saint Nectaire, le 9 novembre, et surtout saint Nicolas, le 6 décembre, sont des exemples de générosité : ils se sont caractérisés par leur exercice du charisme de l’aumône. L’aumône est la conversion de la richesse.
S’enrichir en Dieu
Or telle est une des significations de cette parole mystérieuse : « s’enrichir pour Dieu », ou « en vue de Dieu », ou encore : « s’enrichir en Dieu » dans l’évangile de ce jour. Cette expression énigmatique se rapporte directement à l’aumône. Celui qui donne de son argent s’enrichit en Dieu, c’est tout simple ! Donne et tu recevras… Donne ton argent et reçois la grâce. Ouvre ta bourse et ouvre ton cœur. Partage avec le démuni et communie avec le Riche, le Souverain et le Maître du banquet. Dépossède-toi et tu seras enrichi des biens du Royaume. Le Seigneur fait des riches avec ceux qui s’appauvrissent par amour des pauvres. S’enrichir en Dieu est un des buts de ce temps : celui-ci est pourtant la période de l’année où le commerce bat son plein, où la consommation est à son maximum, ou la gourmandise et la possession sont excitées au plus haut point.
Le message divin
C’est dans ce temps du culte de l’abondance et de la consommation, que le Seigneur envoie son message : enrichissez-vous en Dieu ! Enrichissez les pauvres et le Seigneur vous paiera plus qu’un salaire : Il vous rendra héritiers de sa grâce et de tous ses biens à venir. L’argent est le symbole de la grâce ; il est le symbole de tout ce qu’on peut faire facilement. Notre but en cet Avent est bien d’acquérir, du Père qui est la source de tout bien, la lumière du Verbe et Fils qui est Lumière, ainsi que la capacité de faire fructifier le bien reçu de lui
(a.p. Marc-Antoine – 17/11/2024)