Le bon Pasteur –
Aujourd’hui nous faisons mémoire de saint Nicolas, archevêque de Myre en Lycie, le thaumaturge. L’évangile dominical est celui de la femme courbée ; l’évangile du Saint est celui des Béatitudes ; il commence par une image de Jésus compatissant : une grande foule l’accueille parce qu’Il les enseigne, les soigne et les guérit. Saint Nicolas correspond à cette image du Christ compatissant : « vrai maître de foi », selon son tropaire, il est le type de l’Évêque qui transmet la foi apostolique, l’enseignement donné par le Christ aux apôtres et aux disciples ; « image de douceur », « maître d’abstinence », « élevé en humilité », « riche en pauvreté », complètent dans le tropaire l’icône du bon pasteur suivant le modèle du Christ.
L’homme debout
La femme courbée, incapable de porter son regard sur autre chose que sur ce qui est terrestre, et de regarder en haut, vers le ciel, vers Dieu, ressemble beaucoup à l’humanité qui quelquefois nous entoure. Le Christ nous apprend à ne pas porter de jugement de valeur sur ceux qui depuis un temps indéfini ont perdu l’habitude naturelle à l’homme d’être debout devant Dieu. Saint Irénée dit que la gloire de Dieu c’est l’homme debout. Ainsi, en ce jour, nous voyons Dieu le Verbe trouver sa gloire à redresser l’homme, pour que celui-ci puisse, en se tournant vers lui, regarder sa face, voir l’image dont il porte le sceau depuis la création. La compassion du Seigneur, comme celle de saint Nicolas et de tous les saints, a pour but de rendre à l’homme sa dignité en lui rendant sa verticalité.
L’homme déshumanisé
Il y a des péchés tels, des actions si honteuses, des sévices infligés par l’homme à l’homme, qui rendent celui-ci incapable de regarder Dieu en face. L’homme est déshumanisé, soit par ce qu’il doit subir, soit par ce qu’il fait subir aux autres. Dans les deux cas, victime ou bourreau, il faut que le Seigneur vienne à sa rencontre et le « délie » de son infirmité, pour qu’il ose à nouveau se tenir debout devant son Créateur. Il est des victimes – femmes, enfants, hommes – tellement humiliées, et courbées par la honte, qu’elles n’osent plus lever ni les yeux, ni la tête, ni le buste. Elles restent recroquevillées, comme pour se cacher, non seulement pour ne plus voir, mais pour ne pas être vues. La honte fait que l’on se cache. Elle vient de ce qu’on a commis ; elle vient de ce que l’on nous a fait subir. Le Christ nous délie de l’un et de l’autre.
Le redressement de l’homme
Et les saints, comme Nicolas, coopèrent précisément avec le Christ pour le redressement de l’homme, pour le déliement de la créature courbée depuis si longtemps. Bien des personnes sur la planète sont ainsi terrassées par une servitude ou une autre, atterrées par la peur de la mort ou de la torture. Tous les despotismes dominent par la peur, et le terrorisme veut imposer ses vues par la panique. Depuis l’attentat du 13 novembre, certains n’ont presque pas fermé l’œil ; ils sont possédés par la terreur. Or, le Christ, et ses saints avec lui, délient l’homme de l’angoisse de la mort, en lui annonçant la Résurrection, et en manifestant la puissance de la Résurrection par des paroles et des actes qui soignent, qui consolent, qui rassurent et qui guérissent. L’homme attend de Dieu la guérison de ses maux ancestraux, notamment la terreur de la mort qui, depuis la perte du Paradis, poursuit les animaux eux-mêmes. Ainsi quand, pour le monde, nous prions le Christ, la Mère de Dieu ou saint Nicolas, sachons les prier pour qu’il soit affranchi de la peur, de la honte et du désespoir qui fait qu’on ne voit plus que la terre et la mort.