Le message que le Christ nous adresse aujourd’hui concerne le but de la vie chrétienne et de la vie humaine en général. Quel est ce but, cet enjeu de toute notre existence, pour ce monde et pour celui qui vient ? Que faisons-nous sur cette petite terre ? Pour quelle raison, le Seigneur a-t-Il permis que nous soyons conçus par nos parents ? Pourquoi a-t-Il, dans le moment de cette fécondité, agi de façon créatrice pour qu’advienne, comme support de notre âme et de notre corps, notre personne unique et irremplaçable ? Pourquoi encore a-t-Il voulu que notre corps et notre âme jouissent de l’insufflation paradisiaque de sa grâce, et que notre âme devînt ainsi « âme vivante » ? Pourquoi à notre tour, avec la permission du Seigneur, mettons-nous des enfants au monde, dans ce monde souvent terrifiant, où les menaces de guerre et de déshumanisation sont nombreuses ? Pourquoi vivre ? Pourquoi souffrir et nous préparer à une mort inéluctable, la nôtre et celle de nos proches ?
Jésus Christ nous le dit : le but de l’existence humaine est de ressembler à Dieu. Il n’y a pas autre chose. Il y a ici une cohérence profonde de la parole de Dieu, la logique divine du Logos et Fils de Dieu. Créé à l’image de Dieu, nous le savons, l’homme, nous, tous les humains, sommes appelés à la divine ressemblance. Nous y sommes appelés – divine et magnifique vocation de l’homme – et nous en avons la capacité. L’homme est capable de devenir dieu. L’apôtre Pierre le dit ; les saints Pères reprennent de génération en génération ce message : l’homme, un vivant en cours de divinisation ! Cette vision de l’homme que donne le Seigneur, de la Genèse à l’évangile de ce dimanche, est proposée à notre époque : elle donne espoir, rend le courage d’être homme et renouvelle en nous l’amour pour l’humanité, pour les hommes qui nous entourent, quels qu’ils soient.
Comment accomplir une telle vocation ? Comment faire pour que la parole de Dieu ne reste pas lettre morte ? Comment prendre la responsabilité de démontrer la vérité de la Parole devenue homme, Jésus Christ ? Les saints prouvent la vérité de Dieu. La pratique consiste à faire la volonté de Dieu, à adopter un comportement divin, à faire comme Dieu fait, jusqu’à aimer ses ennemis ; c’est la voie de l’obéissance, par laquelle le Christ s’est montré l’image parfaite du Père. Plus nous faisons ce que nous enjoint notre Maître, plus nous lui ressemblons, plus nous nous assimilons à lui, plus nous communion à son Corps très pur et à son Sang très précieux.
Par la contemplation, l’expérience mystique de la Divinité par la grâce du saint Esprit, les « révélations exceptionnelles » qu’Il fait de lui-même, de sa volonté et de son projet de Salut pour les hommes, le Seigneur amène son disciple à la connaissance de lui-même. Le saint Esprit conduit à l’union au Christ par ses énergies incréées ; nous connaissons le Bien aimé en devenant, non pas qui Il est, mais ce qu’Il est. N’abdiquons jamais notre vocation humaine !
À la fois par la pratique et par la mystique, l’être humain peut connaître Dieu en étant assimilé à lui par le saint Esprit : Celui-ci nous conforme au Christ à l’image de qui nous sommes créés ; et, par le Christ, nous connaissons le Père. Telle est la réalité divino humaine que nous contemplons dans la vie des saints. Mais, nous aussi, nous sommes potentiellement des saints ! (Radio Notre-Dame 4.10.15)