Les saints qui ont resplendi sur notre sol –
Toutes les Églises honorent en ce deuxième dimanche après la Descente du saint Esprit les saints locaux, ceux de leur pays respectif. Nous avons fait mémoire de tous les saints. Nous nommons aujourd’hui ceux qui ont resplendi sur la terre de nos ancêtres, et qui aujourd’hui encore protègent notre pays. Nos pays, nos nations, nos peuples ne seraient pas ce qu’ils sont sans la présence en eux d’êtres de lumière et de bonté. Les énergies incréées de la grâce du saint Esprit ont pénétré la chair de notre peuple, éclairé sa conscience, élevé son âme à la noblesse insurpassable des amis du Christ.
Universalité des saints
Le Christ s’est fait des disciples et des amis dans tous les peuples de la terre. Il n’est de lieu, si minuscule qu’il soit, où la sainteté de Dieu n’ait, par le sacrement de son humanité déifiée, pénétré. Sur des îles éloignées, dans la profondeur de grottes ignorées, dans les sommets des montagnes, dans le désert des cités, toutes sortes d’amis et de frères du Christ sauveur ont vécu, ont prié, ont intercédé pour le monde et ont sanctifié l’humanité de l’intérieur. Certains sont ensevelis dans des lieux inaccessibles. D’autres sont peut-être oubliés. Mais partout des confesseurs de la vraie foi baptisés au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit donnent à l’espace d’un pays et à son histoire non seulement un sens mais la présence même du Christ, le Dieu Homme, dont ils sont les membres.
Le Salut du peuple
Ce qui sauve un peuple c’est la présence des saints en son milieu. Le Christ est au milieu de nous, disons-nous dans la sainte liturgie. Mais Il est au milieu des hommes entouré de tous ceux qui sont unis à lui. Les saints sont au milieu de nous, ceux que nous connaissons, ceux que nous ne connaissons pas, ceux qui ont vécu il y a des centaines d’années, ceux qui sont aujourd’hui présents et ceux qui viendront, car la sainteté est l’avenir de l’humanité et de notre peuple. Quand nous allons en pèlerinage près des saints de notre pays, les Geneviève, les Séraphim, les Parascève – et tant d’autres – nous nous connectons avec leur personne sainte qui irradie de leurs reliques la grâce du saint Esprit.
Nous ne vénérons pas les saints
Nous ne vénérons pas les saints : nous vénérons la grâce de Dieu qui est en eux, dans leur âme et dans leur corps, dans ces restes saints et purs que l’Esprit rend lumineux. La terre elle-même est consacrée par leur corps. Nous nous rendons dans les cimetières pour embrasser la terre sainte où reposent nos vivants, ces morts qui entrent dans la vie. Oui, nos nations, nos cultures, notre histoire sont bénies, consacrées et saintes parce qu’elles comptent d’innombrables personnes pures et inspirées. Nous n’exaltons pas la nation : nous exaltons ceux qui y ont accompli la volonté de Dieu ; ceux qui ont rayonné sa tendresse ; ceux qui, avec joie et amour, ont donné leur vie pour les autres, pour humaniser nos peuples respectifs.
La purification de la conscience
Que seraient nos patries sans ces femmes, ces enfants, ces hommes si purs, si bons, si humains qui marquent pour l’éternité nos peuples par ailleurs bien souffrants, bien éprouvés et bien tentés ? Les péchés, et les hontes de notre histoire sont lavés par le sang de nos martyrs. Ce sang, comme celui du Christ, coule sur nous et sur nos enfants, comme une eau purificatrice, comme un vin d’allégresse et de joie, comme un grand amour sans jugement. Ne pensons pas seulement aux saints comme à ceux du passé ; honorons en Esprit tous ceux qui de notre propre temps sont par l’Esprit les agents de l’œuvre miséricordieuse du Christ qui veut que tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité.
La citoyenneté des saints
En ce temps-même d’élection, intercédons avec tous les saints pour notre pays, pour ceux qui le gouvernent, pour ceux qui élisent et qui seront élus. La conscience politique et citoyenne des baptisés est nourrie par la compagnie invisible et active des saints du lieu, citoyens et citoyennes comme nous. La citoyenneté des saints les implante dans le monde et dans la société civile, en présence sacramentelle du Christ dans le quotidien de notre peuple.
(Radio Notre-Dame, « Lumière de l’Orthodoxie », 18 juin 2017)
Icône de Saint Amand de Bordeaux – Evêque – Vème siècle