La stupéfaction –
Après le dimanche de Thomas, l’Église nous fait revenir du huitième au premier jour de la semaine. Les saintes femmes porteuses d’aromates sont les premiers témoins de l’évènement stupéfiant qui a eu lieu au matin de Pâques. Celui que, elles s’en souviennent très bien, c’était hier, elles ont conduit au Golgotha et à Gethsémani ; Celui qui leur parlait encore et auquel elles ont pu dire quelques mots de tout l’amour de leur cœur ; Celui qu’elles ont reçu à sa descente de la croix et provisoirement installé dans le tombeau, elles s’en souviennent très bien également et elles sont plusieurs à pouvoir en témoigner – Celui-ci, leur Seigneur et leur Maître bien aimé, n’est plus là ! Disparu ! Envolé ! Absent ! Il y a de quoi être stupéfait, inquiet et affolé : qu’est-ce qui s’est passé ? Qui a roulé cette lourde pierre ? C’est vrai qu’elle n’était pas scellée puisqu’on devait revenir au tombeau faire l’onction du corps de Jésus. Mais tout de même, ce sont de grosses pierres que l’on plaçait à l’entrée des tombeaux.
La vraisemblance
La vérité psychologique caractérise les saints personnages de ce récit, Joseph d’Arimathie et les myrhophores. Rien de mythique ou de légendaire dans ces récits. Ce sont des chroniques, des paroles rapportées, des observations. Tout est vraisemblable : description des lieux, précision de l’horaire, identité des personnages, sentiments éprouvés, réflexion que l’on se fait. Mais, sur ce fond de réalisme et d’exactitude historique et psychologique, il se dévoile une profondeur qui fuit nos sens et notre pensée. La présence de l’ange de la Résurrection – un jeune homme tout simple habillé en blanc, en civil, en quelque sorte – introduit à un autre plan du réel : le Nazaréen, le Crucifié n’est pas ici ! Quelle est cette absence-présence ? L’expérience – car il s’agit bien d’expérience vécue – des porteuses d’aromates nous apprend la religion véritable qui savoure la Présence adorée.
La naissance du culte chrétien
En amont du rite, il y a l’amour, la vénération, la vérité toute simple de la vie, la tendresse pour un dieu qui se prête à l’amitié et à la familiarité. Dans la profondeur du rite, il y a également la stupeur, la crainte de l’incompréhensibilité de la vie et de la mort, le sentiment d’être minuscule devant le réel. Notre religion est bien celle des porteuses d’aromates et de la Mère de Dieu présente parmi elles, selon certains saints : l’oblation, l’amour de servir notre Seigneur et notre Maître – « donne à ceux qui te servent en tout temps avec crainte et amour de louer ton ineffable bonté », dit une prière de matines. Tout notre comportement de foi peut être renouvelé à Pâques, puisque nous retrouvons la source du culte et de la prière de l’Église, dans sa pureté, son naturel : une telle vérité, à l’orée de l’expérience chrétienne, est à notre portée si nous suivons les Myrhophores.