Saint Antoine le Grand –
Aujourd’hui 17 janvier, nous faisons mémoire de saint Antoine le Grand, le père du monachisme universel. Bien sûr, le dimanche, nous glorifions le Christ en sa glorieuse résurrection. Mais la Mère de Dieu et tous les saints sont présents dans la louange de l’Église et coliturges invisibles – visibles toutefois sur leur icône. Aujourd’hui, dans toutes les églises, à côté de l’icône des Myrophores, que l’on vénère chaque dimanche, nous embrassons l’icône du grand Antoine. Une lecture d’épître (Hébreux 13, 17-26) et une du saint Évangile (Luc, 6, 17-23) lui sont consacrées. Les chants de la divine liturgie (tropaire et kondakion) honorent en lui l’héritier spirituel du saint prophète Élie et du saint prophète et précurseur du Christ le Baptiste Jean. Les chantres annoncent qu’« elle est précieuse devant le Seigneur, la mort de ses amis » et que « bienheureux est celui qui craint le Seigneur, qui se plaît à ses préceptes ; puissante sur la terre sera sa lignée ».
La dîme de l’humanité
Ces versets s’appliquent au grand ascète du désert qui entendit l’évangile du Jeune homme riche et quitta tout pour suivre le Christ. Or l’évangile de ce jour a un rapport avec le saint moine. Nous reconnaissons en effet celui-ci dans le lépreux purifié revenant rendre grâce au Christ. Par son Incarnation, son baptême dans le Jourdain et par toute sainte vie, le Christ donne la purification à l’humanité entière. Un dixième de celle-ci se retourne, se convertit au sens propre, se tourne vers le Christ et le reconnaît comme l’auteur de la vie nouvelle qu’Il nous a communiquée. Les chrétiens conscients, les convertis, constituent la dîme de l’humanité universelle, offrande magnifique que le genre humain, consacré, sanctifié, sauvé et ressuscité par le Fils unique et Verbe de Dieu, apporte en oblation au Seigneur du ciel et de la terre.
L’ignorance de Dieu
Dix pour cent – cela paraît peu… Et le Seigneur en fait la remarque : où sont les autres ? Dans nos églises trop peu remplies, quand nous pensons au nombre de baptêmes ou de mariages accomplis chaque année, la question se pose : où sont-ils, ces quatre-vingt-dix pour cent de chrétiens ? Et où, les quatre-vingt-dix pour cent d’êtres humains qui, sur terre, ignorent le Christ et le salut apporté par lui, ou bien n’ont jamais entendu parler de lui et de sa résurrection, n’ont jamais lu le saint Évangile – « c’est qui, Jésus ? », demandait récemment un enfant… « Jésus ? L’Évangile ? – connais pas ! » La dîme de l’humanité n’est pas meilleure que les autres ; la brebis portée par le bon Pasteur n’est pas plus aimée que les quatre-vingt-dix-neuf autres. Non ; mais cette petite part, celle des saints de nos paroisses et de nos monastères, porte la conscience du Salut.
Pour le Salut du monde
Celui-ci est donné à tous ; encore faut-il se convertir, se mettre en route spirituellement comme celui qui, aujourd’hui, « revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à haute voix, se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre terre, et lui rendit grâce ». Telle est la vie des vrais croyants. Ainsi actualisent-ils la grâce du saint baptême. Ainsi coopèrent-ils avec le Christ pour que tous soient sauvés. Les saints, ce dixième ou ce centième du genre humain, reconnaissent la miséricorde du Seigneur et œuvrent ainsi au Salut de tous. Ils actualisent dans leur personne, par le saint Esprit, toute l’œuvre de celui qu’ils reconnaissent à juste titre comme leur Seigneur, leur Maître, leur Roi et leur Dieu. Saint Antoine est notre père spirituel. Sachons-le : chaque fois que nous nous retournons et nous tournons vers le Christ avec foi, gratitude, louange et obéissance, la gratification qui nous advient irradie notre entourage, ces centaines de personnes qui ne prient peut-être jamais et pour lesquels les saints intercèdent sans fin.
Les piliers du christianisme
Un Antoine, une Geneviève, un Irénée, ces « piliers du christianisme », vont vers le Christ avec tout leur être et portent en eux-mêmes toute l’humanité ; ce que nous faisons pour nous-mêmes nous le faisons pour tous. Acquiers la paix du Christ, disait encore Séraphin, fêté le 2 janvier, et des milliers, autour de toi, seront sauvés.