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Troisième dimanche après la Croix: Luc 7, 11-16

résurrection du fils de la veuve de NaÏm

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Le scandale –

L’audace de Jésus Christ nous bouleverse. Elle pourrait nous scandaliser : comment oser dire à cette femme qui a tout perdu « ne pleure pas ! » Cette parole est inhumaine ; elle provient d’un cœur de pierre ; ou bien elle est une moquerie, une ironie, une provocation. « Ne pleure pas ! » « Ton mari est mort ; ton fils unique est mort : ne pleure pas ! » Oui, c’est vrai, ce n’est pas grave de se retrouver toute seule, sans soutien, sans ressource, sans avenir, peut-être obligée de vendre la maison ou l’appartement – ce n’est pas grave, pourquoi pleures-tu, au fait ? C’est quoi, ce bobo ? Personne n’oserait dire une phrase pareille…

L’audace de Dieu

Mais ici l’audace de Jésus Christ est l’audace d’un dieu qui est le Maître de la vie et de la mort ; d’un dieu qui créa le ciel et la terre et tout ce qu’ils renferment ; l’audace du Dieu-Homme qui marche vers sa résurrection personnelle et la résurrection de tous. Oui : « ne pleure pas ! », car Je suis la Résurrection et la Vie ! Ne pleure pas, car Je suis venu tuer la mort et Je vais le montrer tout de suite. Il dit « ne pleure pas ! » et Il ressuscite son fils ! Il avait déjà guéri le fils du centurion ; maintenant, Il fait plus fort, Il guérit de la mort.

Dieu au milieu de nous

Soyons encore sensibles à deux aspects de l’évangile de ce jour. Voici le créateur du ciel et de la terre qui se promène dans la rue ! Dieu traverse la ville de Naïn, comme Il traverse quantité de villes – Capharnaüm, Cana, Jéricho et Jérusalem – comme s’Il était un simple homme, Monsieur Tout-le-monde ! Un grand prophète, direz-vous, un thaumaturge, un super rabbin ; mais, non : il s’agit ici de Dieu lui-même, le Verbe du Père, la Lumière du monde, la Sagesse hypostasiée du Père ! Et ce Dieu transcendant, ce Trois-fois-saint que glorifient les anges, les archanges et toutes les puissances incorporelles, déambule dans les rues de Judée ou de Palestine. N’est-ce pas extraordinaire ? Nous étonnons-nous suffisamment du miracle de la présence corporelle de la Divinité parmi les hommes ? Dieu est au milieu de nous !

Dieu compatissant

Autre merveille : la divine compassion… Ce Dieu que nous voyons comme un citoyen parmi les autres se montre le plus humain de tous. Dieu plus humain que les hommes ? Ou plutôt Dieu qui accomplit la perfection de l’Homme, Jésus Christ, Dieu parfait et Homme parfait, comme le confesse l’Église. Les saints Pères le disent : l’Incarnation consiste à accomplir humainement ce qui est divin et à faire divinement ce qui est humain… Qu’est-ce qu’il y a ici de divin que Jésus accomplit humainement ? Mais : la compassion ! La miséricorde ! Dieu seul est compatissant et miséricordieux. Dieu seul est amour.

L’homme déifié

Le Dieu-Homme irradie dans son humanité déifiée la miséricorde divine. Son humanité est saturée de divinité par la grâce du saint Esprit. Conçu du saint Esprit et de Marie la Vierge, Il montre pendant toute sa présence humaine le sceau du saint Esprit marquant ineffaçablement sa belle humanité vierge. Nous aimerions entendre avec quelle douceur s’exprime le Dieu-Homme. « Ne pleure pas ! » : cela peut se dire comme un ordre, sur un ton de supériorité et de mépris, comme s’il était ridicule de pleurer. « Ne pleure pas ! », cela peut se dire à la légère, comme s’il s’agissait de rien du tout…

La voix humaine de Dieu

Mais, « ne pleure pas ! », nous pouvons l’entendre comme une parole très douce, très tendre, comme celle d’une maman qui parle à son enfant, qui le console, qui lui promet une consolation. La voix humaine de Dieu nous manque ! Nous aimerions tant avoir quelques enregistrements, quelques CD du Dieu-Homme. En tout cas, ce doit être une voix pleine d’amour, vibrante de tendresse, la voix de celui qui va bientôt monter sur la Croix pour toi. Il est venu spécialement dans ta ville, Il savait qu’Il te rencontrerait au coin des rues, Il savait que tu avais trop mal pour le dire, Il s’est approché, Il t’a rencontrée et Il t’a parlé comme parle un ami, comme parle un père, comme la grande Mère de tous les hommes. Là est peut-être la grande audace de la Divinité – oser être si humain !

(Radio Notre-Dame « Lumière de l’Orthodoxie » 8 octobre 2017)