La justice –
Un des thèmes importants dans l’évangile de ce jour est celui de la justice. L’être humain réclame continuellement la justice. Tous les mouvements sociaux, les partis politiques, notamment en période électorale, réclament ou promettent une société plus juste. Très souvent, les enfants, les jeunes et les adultes se plaignent de l’injustice qui leur est faite. Ce sentiment d’injustice et de frustration est l’un des plus forts dans la conscience humaine. La plupart de nos amis et de nos proches pensent que le monde est injuste : il est injuste que meurent les enfants innocents, il est injuste que les femmes soient exploitées, il est injuste que partent prématurément ceux que nous aimons.
L’injustice
Le monde, la vie sont injustes et, par conséquent, Dieu – s’il y a un Dieu – est injuste, puisqu’Il permet l’injustice, puisqu’Il n’intervient pas pour mettre fin à l’injustice qui règne dans son monde. Que fait-Il, là-haut votre Dieu ? « Où est-Il ton Dieu ? », cite le psaume. L’injustice règne dans ce monde – dans l’autre, on ne sait pas trop : nous prions que la volonté de Dieu soit faite au ciel et sur la terre. Mais la souffrance des innocents et la prospérité des méchants ; l’exploitation des faibles par les forts ; le despotisme d’un petit nombre sur une masse d’êtres sans défense est un scandale qui résonne dans bien des pages de la Bible, ce livre de la conscience humaine.
Dieu n’est pas indifférent
Or, à ce cri de l’humanité, Dieu ne reste pas indifférent. « Tu n’as pas souffert, Seigneur, en la tendresse de ton cœur, de voir le genre humain sous la tyrannie du démon ; Tu es venu et Tu nous as sauvés », dit la prière de consécration des eaux. Et, aujourd’hui, faisant écho à ces paroles entendues il n’y a pas si longtemps, le Verbe divin Lui-même dit : « Le Fils de l’Homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ». Le monde, livré à l’esclavage – « esclaves aujourd’hui en France », titre un film actuel – et à toutes sortes d’iniquités, n’est pas, en fait, abandonné, comme on pourrait le croire. Zachée veut dire le Juste. « Cherchez le Royaume de Dieu et sa justice », dit le Christ (Mat 6, 33).
La justice de Dieu
Il faut comprendre que la justice du juste selon Dieu n’est pas seulement celle des hommes, des lois de ce monde. La justice par laquelle le Seigneur répond à notre sentiment d’injustice n’est pas la distributive, une rigoureuse équité, l’égalité que nous connaissons pourtant devant la souffrance et la mort. Elle n’est pas non plus la rigoureuse rétribution des bonnes et mauvaises actions, l’application divine du tarif des peines et des récompenses. Dieu n’est pas ce dispensateur des châtiments et des récompenses dont on rêve – imprudemment, d’ailleurs, car, comme dit le psaume, « si Tu regardes les iniquités, Seigneur, qui pourra être sauvé ? ». La lumière évangélique redistribue les valeurs : bien de prétendus justes seront en enfer ; bien des pécheurs, prostituées ou publicains convertis, se trouvent au Paradis. La justice divine, et donc la justice de ce monde et de celui qui vient, n’est pas ce que l’on croit.
L’Esprit saint
L’apôtre Paul le dit : « le Royaume de Dieu, c’est la justice dans l’Esprit saint » (Rom 14, 17). Et la justice dans l’Esprit consiste, non seulement en œuvres, toujours bénies par Dieu quand elles sont conformes à ses préceptes de vie – mais, principalement, dans l’accueil du seul juste, qui est le Seigneur. Zachée est juste, comme son nom l’indique, non seulement parce qu’il donne aux pauvres et répare les injustices qu’il a pu commettre – ce qui est la moindre des choses en situation biblique ! – mais parce qu’il accueille chez lui le Juste. La venue du Seigneur chez nous par la foi, par l’amour, par la ferveur et l’impatience de le connaître rend toute notre vie, notre maison, notre société civile justifiées selon Dieu. Tel est, finalement, le programme du grand carême qui approche – accueillir avec amour celui qui vient !