« Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                    « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »              « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! » 

La nativité de la Mère de Dieu, 8 septembre       

Nativité de la Mere de Dieu

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La Nativité de Marie, fille unique de ses pieux parents, les « justes » Joachim et Anne, est la 1ère fête de la rentrée liturgique, tant pour le rite byzantin, dont l’année liturgique commence le 1er septembre, que pour les autres rites, en raison de l’interruption des grandes vacances. Et il est heureux que cette nouvelle année liturgique, qui coïncide avec la rentrée des classes, commence par une naissance, qui est par nature pleine d’espérance.

La vénération de Marie –

Avant d’aborder l’histoire et les particularités de cette  fête, il est utile de dire un mot sur Marie elle-même et la façon dont l’Église l’honore liturgiquement.

Marie, la toute-sainte Vierge et Mère de Dieu, n’est pas seulement la plus grande de toutes les femmes, et de tous les êtres humains, mais elle est encore la plus grande de toutes les créatures, « plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphins », car ce n’est pas seulement la grâce divine  qu’elle a porté en elle, comme cela est la vocation des anges, mais  Celui qui est la source de la grâce, Dieu Lui-même, le Fils de Dieu incarné, Jésus-Christ, l’Un de la Divine Trinité. « Mystère étrange », comme disent les textes liturgiques : Marie est un mystère que l’intelligence humaine ne peut pas comprendre.

D’ailleurs, son nom résume sa personne et son destin : « Marie » est le décalque araméen d’une expression égyptienne, qui signifie « l’amante de la lumière », que nous pourrions interpréter  comme « l’Amoureuse de Dieu ». Elle a accompli le dessein de Dieu pour la Femme : enfanter son Fils unique – selon la chair – c’est-à-dire accomplir l’incarnation du Verbe. Ève, notre Mère primordiale, ne l’a pas fait, car sa naïveté a ouvert la porte de son cœur à Satan, ce qui était un adultère spirituel par rapport à Dieu[1].  C’est pourquoi Marie est appelée « Nouvelle Ève » : elle a racheté Ève.

Place de Marie dans la Tradition

Curieusement, Marie n’apparaît dans l’Évangile qu’à partir de l’Annonciation, au début de l’évangile selon saint Luc (1/26-38), et l’Évangile ne nous dit rien d’elle, pas même le nom de ses parents ! Tout ce que nous savons sur elle vient de la Tradition, et en particulier d’un évangile apocryphe, le proto-évangile de saint Jacques, qui est un apocryphe de grande valeur, d’un bon niveau. Cela n’est pas surprenant, car les quatre évangiles canoniques sont « l’Évangile du Christ », qui est une synthèse de l’enseignement et des œuvres du Christ, centrée sur sa personne. Cela ne vaut pas que pour Marie (par exemple, nous ne savons pratiquement rien sur les douze apôtres).

C’est cet évangile, non canonique, qui nous révèle les parents de Marie, Joachim et Anne, qui étaient des justes, âgés et stériles, comme la plupart des patriarches et justes de l’Ancienne Alliance. Ils se désolaient de ne pas pouvoir engendrer, non pas par manque de « confort personnel », ni de réussite sociale, mais parce qu’ils ne pouvaient pas contribuer à l’engendrement du Messie, et donc n’étaient pas agréables à Dieu. Saint Joachim  partit jeûner au désert pendant 40 jours, tandis que sainte Anne gémissait devant Dieu. Le Seigneur entendit leurs cris et leur promit une conception, représentée iconographiquement par une embrassade magnifique. 9 mois après, Marie naissait : c’est ce que nous allons fêter.

Christocentrisme du culte

Dans le développement des rites de l’Église, tout sera centré d’abord sur le Christ, sa mission sotériologique (salvatrice) et son enseignement. Mais évidemment, lorsqu’on fêtera les grands événements de la vie du Christ, Marie y aura sa place, notamment pour la conception du Christ (l’Annonciation, 25 mars), sa Naissance (Noël, 25 décembre), sa Présentation au Temple (Sainte-Rencontre, 2 février), et un peu pour sa Crucifixion (Vendredi saint).

En fait le culte de Marie, en tant que tel, n’apparaîtra qu’après le concile d’Éphèse (en 431, 3ème concile œcuménique), parce que ce dernier confirmera, au plan universel, le titre que lui décernait l’Eglise d’Alexandrie de « Mère de Dieu »[2] (« Théotokos »). C’est surtout après Éphèse  que l’on donnera le nom de sainte Marie, ou Notre Dame, à de nombreuses cathédrales ou église paroissiales[3]. Et, comme ces fêtes de Marie n’avaient pas de source évangélique, on se basera sur les noms de dédicaces d’églises, dont les anniversaires deviendront des fêtes, d’abord locales, puis universelles.

Origine : Jérusalem

C’est le cas pour la fête de la Nativité de Marie. Elle est d’origine jérusalémite, comme de nombreuses fêtes. C’était, à l’origine,  l’anniversaire de la dédicace de l’église qui avait été construite à l’emplacement de la piscine probatique (Béthesda), au Nord du Temple, et dédiée à sainte Anne, parce que la Tradition y situait la maison de Joachim et Anne (et donc de Marie). Cette fête fut introduite très tôt en Gaule, au début du 5ème s, par Saint Maurille d’ Angers [4]: selon la Tradition, la Mère de Dieu lui apparut[5] et lui demanda d’instituer cette fête, ce qu’il fit (d’où son nom de « Notre Dame angevine »). Elle fut introduite seulement au 6ème s. à Constantinople, puis au 7ème s. à Rome. Elle est la première fête de l’année liturgique orientale, qui commence le 1er septembre (en Occident, l’année liturgique commence le 1er dimanche de l’Avent, à la mi-novembre). Elle a une caractéristique assez rare : la grande antienne des vêpres occidentales (qui encadre le Magnificat) est identique au tropaire oriental de la fête[6], c’est-à-dire qu’en fait, l’Orient et l’Occident ont le même hymne. C’est une mémoire vivante de l’Église indivise du 1er millénaire, un signe de l’unité de l’Église et de la compénétration des rites.

Cette fête ne fait pas doublon avec celle de la Conception de Marie (8 décembre en Occident, 9 décembre en Orient), car leurs significations sont différentes : une conception est une promesse, un espoir (mais on ne sait jamais si elle va aboutir),  tandis qu’une naissance est une réalité tangible: lorsque l’enfant est là, tout est possible.

Lorsque l’évêque Jean de Saint-Denis[7] restaura une année liturgique de rite occidental, basée sur la liturgie de  l’ancien rite des Gaules, au sein de l’Orthodoxie, il prit bien soin de conserver le tropaire byzantin comme hymne de la fête[8], conformément à la tradition occidentale. Mais il ajouta la lecture de la péricope du proto-évangile concernant la fête[9], parce qu’elle est notre unique source, lue avant l’épître, en tant que témoignage de la Tradition (comme on le fait par ailleurs lorsqu’on lit la vie des saints, ou des extraits de Pères de l’Église). Cela permet au peuple royal de connaître cette tradition.

[…]

(5-9-2019)  – P. Noël Tanazacq

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[1] Mais notre Père primordial, Adam, a aussi péché, parce qu’il n’était pas uni à sa femme au moment de la tentation : il a commis un péché « négatif », tandis qu’Ève a commis un péché « positif ».

[2] Ce concile fut réuni pour juger Nestorius de Constantinople, qui prétendait que Marie n’était que « Christotokos », c’est-à-dire seulement mère de l’humanité de Jésus, ce qui séparait Son humanité et Sa divinité, et occultait qu’Il soit  une seule personne, divine. Le concile a rétabli la vérité orthodoxe et exclu Nestorius, l’antiochien,  de l’Église. Les théologiens  alexandrins en tirèrent un grand prestige, au détriment des antiochiens.

[3] Avant Éphèse, on donnait plutôt, en dehors des noms du Christ ou de ses fêtes, les noms de  saint Etienne, ou saints Pierre et Paul, ou d’autres martyrs aux cathédrales ou églises.

[4] Saint Maurille (397-427), disciple de saint Ambroise et surtout de saint Martin, fut un grand évangélisateur. Il ressuscita un enfant, qui lui succédera, saint René d’Angers.

[5] Toujours selon la tradition, à ND du Marillais, à 50 km à l’Ouest d’Angers, à côté de Saint-Florent-le-Vieil, qui est un haut-lieu spirituel.

[6] Dans le  rite des Gaules restauré. .On trouve cette grande antienne dans l’ancien Missel romain (d’avant Vatican II), mais  aux 2ème Vêpres de la fête, c’est-à-dire le soir de celle-ci ; elle correspond à l’apolytikion des vêpres  byzantines de la fête.

[7] Eugraph Kovalevsky (1905-1970), devenu  Evêque Jean de Saint-Denis (1964-1970).

[8] Dans le rite des Gaules, l’hymne (qui correspond aux tropaires du rite byzantin), est placé après la bénédiction initiale et avant la collecte de la fête.

[9] Il a fait de même pour les autres fêtes de la Vierge Marie, qui ne sont pas mentionnées dans l‘Evangile (sa Conception, son Entrée au Temple.