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Pourquoi pas panthéistes ?

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Le paganisme –

L’intuition primitive de la civilisation rurale rend l’homme et l’enfant sensibles à une divinité diffuse, impersonnelle, et confondue avec les choses et les êtres. Dieu est tout ; tout est Dieu ; les anciens l’appelaient Pan : le grand Tout. Un panthéisme fondamental se trouve à la racine des traditions religieuses de l’humanité, en Roumanie, en Inde, en Afrique. Dans sa simplicité l’homme est saisi par le divin dans les éléments : le feu, l’eau, la fécondité, la mort, la souffrance, l’ivresse. « Païen » est de la racine de « paysan ». N’ayons pas honte des sources enfantines, primitives et archaïques de la religion.

Le Créateur

La civilisation biblique, unique parmi toutes les nations, a eu une révélation : le cosmos, la nature, ce « grand tout » s’appelle « création » et renvoie à un « créateur ». Le peuple biblique a perçu la distinction absolue entre le créé et l’incréé. Il a contemplé la transcendance de la Divinité. Impossible de confondre le divin avec le monde. Le monde n’est ni un dieu ni Dieu. La différence de l’un et de l’autre est radicale. Cette transcendance est telle qu’elle peut même donner raison à l’athée qui dit : il n’y a pas de dieu ; ou bien : il y avait un dieu, le grand Pan, mais il est mort. Mais l’homme qui parle et qui prie dans les psaumes n’est pas saisi par le désespoir de l’absence de Dieu. Il s’incline devant la majesté du Trois-fois-Saint.

Le panenthéisme

Quand Abraham contemplait la nuit étoilée, il s’adressait au souverain de cette beauté et il entendait ses messages. Le panthéisme est une impasse parce qu’il y a Quelqu’un dans le monde et c’est la fin de l’idolâtrie. Le monde, surtout depuis l’Incarnation du Verbe et la Descente vertigineuse de l’Esprit, est saturé par la présence divine. Dieu est « partout présent ». Il n’est pas tout : Il est en tout : c’est le panenthéisme. Par la foi, tu contemples la rationalité divine dans les créatures et les énergies incréées associées aux énergies créées. Par la foi, tu sens la présence du Seigneur dans ton cœur. Tu contemples la beauté de Dieu dans les créatures. Par la foi encore, tu sais que tout ce que l’on fait à l’homme, on le fait à Dieu parce que Celui-ci s’est fait homme. L’omniprésence du Créateur dans la création a des conséquences que le Créateur assume sur la Croix.

L’initiation sacramentelle

Par la vie liturgique et sacramentelle, nous sommes, dès la toute petite enfance, introduits dans le mystère de la présence du Seigneur. L’éducation – sinon la transmission – de la foi se fait par l’éducation à la conscience de la présence continuelle du Seigneur dans la vie. Nous apprenons à voir le Christ dans autrui, à le glorifier dans le travail, dans la société, dans la famille et, bien sûr, dans la Création. Celle-ci demeure, même au-delà du panthéisme primitif, la grande parole cosmique par laquelle le Créateur dit qu’Il est là. Et, par la célébration de la Pentecôte, nous apprenons que c’est par le saint Esprit que cette divino humaine présence du Verbe créateur est effective. L’Esprit nous ouvre également les yeux pour voir le Christ parmi nous.

(a.p. M.-A.), 27/06/21