Je pense aux souffrances de Jésus, Lui le Juste, et des martyrs…
La victoire de la Croix –
La victoire du Seigneur Jésus Christ, et celle des saints martyrs, a été, et est, de demeurer dans l’amour quelles que soient les circonstances.
En ce qui concerne Jésus Christ plus précisément, sa victoire a été, et est, de demeurer, non seulement qui Il est, c’est-à-dire le Fils de Dieu, mais encore ce qu’Il est, c’est-à-dire amour. Dieu est amour, dit l’Évangéliste; et Dieu est demeuré amour dans la souffrance, dans la douleur et dans la mort. Bien plus, Il a fait de la Croix la manifestation et le signe suprême de l’amour du Père pour tous les hommes.
Les disciples
Les martyrs également demeurent dans l’amour, et ils intercèdent même pour leurs bourreaux. Pour vous, comme pour nous, l’horizon paraît presque inaccessible. Puis-je demeurer dans l’amour de Dieu et du prochain quand j’ai si mal, surtout quand j’ai mal tout le temps, nuit et jour? Comment, où trouver la force d’une telle divine fidélité? Il semble que la durée de la souffrance est quelquefois effrayante. La mort paraît plus rapide.
L’amour dans la mort
Mais si nous demeurions dans l’amour à travers les épreuves qui nous sont présentées en cette vie, peut-être pourrions-nous demeurer dans le même amour au sein de la mort elle-même. Les saints, comme le Christ leur Maître, sont peut-être ceux qui ont investi et cette vie et l’état de mort d’un amour inépuisable. Quand leur cœur de chair a cessé de battre, leur cœur incorporel continue d’aimer.
Impossible d’aimer quand on souffre ?
Ne nous payons pourtant pas de mots. Il est des personnes qui sont torturées par des souffrances sans solution – ou alors trouvant leur solution dans un état d’inconscience provoqué par les médicaments. Cela paraît impossible, d’aimer quand on est torturé; impossible d’aimer: j’ai trop mal. Impossible d’aimer, je suis submergé et totalement investi par la douleur. J’ai l’impression qu’il n’y a plus en moi un millimètre carré libre pour l’amour. Pourtant… « L’intensité de ma souffrance, ô Christ, ne pourra me séparer de ton amour ! », disent les martyrs (sainte Agrippine, 23 juin, ode 4).
La prière la plus courte du monde
Essayons encore. Essayons de dire la prière la plus brève, un mot, le Nom de Dieu: Jésus! Jésus, Jésus, Jésus, Jésus! – à l’endroit même où nous avons mal. Investissons le Nom dans notre douleur, quelle que soit la partie de notre corps qui est suppliciée. Habitons-la. Laissons notre douleur, notre souffrance – bientôt notre mort – devenir l’habitacle et la maison de notre Sauveur. Peut-être que la chaleur et l’énergie divine de ce Nom agiront dans notre douleur comme un médicament qui soulage, comme une confiance qui apaise. Le Nom irradie.
Il habite ma douleur
Ne parlons pas d’anesthésie. Parlons d’installation de Jésus, par son Nom, à demeure, là où nous avons mal. Il peut naître alors en nous, en ce lieu odieux de la souffrance, une paix qui surpasse toute paix de ce monde. N’abandonnons pas ; invitons le Seigneur; ou plutôt: trouvons-le, car Il est déjà en nous et Il nous attend au cœur de notre souffrance, là où nous avons rendez-vous avec lui pour y faire l’expérience de l’amour vainqueur.