« Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                    « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »              « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                   « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! »                  « Gloire à ta miséricorde infinie, Seigneur, gloire à toi ! » 

La religion, un anthropomorphisme ?

Moise

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Le danger –

Le risque encouru par le phénomène religieux quel qu’il soit est, reconnaissons-le, de représenter la Divinité à l’image de l’homme. « Si Dieu nous a fait à son image, nous le lui avons bien rendu », dit une phrase célèbre de Voltaire. Par la religion, l’homme peut se contenter de projeter l’objet de ses désirs, de ses peurs, de ses rêves. Il divinise souvent les puissances de la nature, la fécondité, la force, la puissance terrifiante des éléments comme l’orage, la foudre et la tempête. Mais l’anthropomorphisme consiste à prêter une forme humaine, des pensées, des sentiments et des comportements humains à une divinité qui n’en peut mais, qui n’a rien demandé, et qui, chose plus grave, doit quelquefois sa propre existence à ces figurations subjectives. Les hommes tirent des dieux du néant et les font exister. Nos rêves et nos hantises, nos songes et nos rêves, comme le dit Goya, fabriquent des monstres et des idoles. Quelquefois ces divinités préfabriquées, censées nous obéir au doigt et à l’œil, sont des idoles bienveillantes, car l’homme doit se rassurer en pensant que les dieux, ou certains dieux, sont bons.

La prévention biblique

On comprend l’interdiction biblique à l’égard des images taillées ou sculptées (Dt 4, 16). Pour la saine pensée des Hébreux, il est toujours suspect de représenter la Divinité. On sait que l’Islam, héritier de la culture sémitique, est très rigoureux sur ce point. On ne représente pas Dieu. Il faut dire tout de suite que la tradition ecclésiale est également rigoureuse : on ne représente pas Dieu. Les canons iconographiques sont très précis : les icônes ne sont pas des représentations. On comprend également la critique athée souvent justifiée qui dénonce l’anthropomorphisme religieux. Mais la civilisation biblique s’est toujours démarquée de celui des tribus païennes comme les Cananéens.

S’adresser à la Divinité

La culture biblique montre que l’homme, s’il lui est interdit – et impossible – de figurer le divin, depuis surtout qu’il a perdu la familiarité paradisiaque avec lui, a conservé la capacité charismatique de s’adresser à lui, de le nommer. La Bible est l’histoire de la prononciation du ou d’un nom divin. Parmi ces noms, il en est au moins un qui est interdit à prononcer : le nom également peut être sujet à des déviations anthropomorphiques. On le prononcera donc rarement, à bon escient (Ex 20,7), ou dans la retraite sacrée du Saint des saints. Mais les anciens, à commencer par Seth (Gen 4, 26), puis les prophètes et jusqu’au saint et grand Moïse, ont invoqué le Nom du Seigneur. Il est inévitable que l’homme, s’adressant à un être qui lui est totalement étranger, balbutie pour lui parler quelques mots humains. Ce n’est pas ici de l’anthropomorphisme – ou bien celui-ci est réduit au minimum vital : comment voulez-vous parler à quelqu’un dont vous ne connaissez pas la langue sans utiliser le langage que vous connaissez ?

Sur un continent ou dans un pays inconnus, comment vous procurerez-vous du pain sans connaître la langue du pays ? Vous laisserez-vous mourir de faim ? Vous vous servirez de vos mots, vous mimerez que vous avez faim, vous dessinerez un pain sur le sable ou sur la pierre en l’accompagnant d’un point exclamation tellement vous avez faim ! L’homme parle à la Divinité avec le langage de son bord.

Dieu se révèle

En fait, dans la Bible, surtout avec saint Moïse, l’homme a appris à donner à Dieu le Nom que Celui-ci lui a révélé. Aucun anthropomorphisme ici : c’est Dieu qui utilise le langage des hommes pour se faire connaître ; ou alors c’est un anthropomorphisme de la part de Dieu ! Effectivement, si nous purifions notre religion, nous ne représentons pas Dieu à notre image : c’est Lui qui prend une forme, un langage, un nom pour se rendre compréhensible. Au sommet de l’histoire biblique, Dieu se fait Homme, ce qui est exactement l’inverse de l’anthropomorphisme habituel. Ou bien, c’est Dieu qui s’anthropomorphise : Il prend forme humaine, visage humain, langage humain ; Il s’exprime dans la culture des hommes. Et, par exemple, le nom de Père donné à Dieu, loin d’être un exemple de projection humaine, est le nom que Dieu a révélé de lui-même.

Le Père

Nous osons l’appeler Père parce que nous avons appris de Dieu Lui-même à le faire. À Moïse, Dieu a appris à l’appeler « Je suis-Je suis-Je suis » ; par Jésus, nouveau Moïse, nous avons appris à appeler Dieu Père ! L’icône elle-même ne représente pas la divinité : mais elle montre, comme le dit saint Jean, ce que nos yeux ont vu et ce que nos mains ont touché (1 Jn 1, 1). L’icône ne représente pas, elle ne figure pas : elle atteste la vision ou la vue, l’expérience de la rencontre, la révélation que Dieu fait de lui-même. La vraie religion corrige l’anthropomorphisme par l’Incarnation et l’humanisation de Dieu.

La théologie négative

Les saints Pères ont été vigilants. Ils ont évité les projections humaines en théologie par le recours à des expressions qui disent que Dieu est indicible, inexprimable, ineffable, « au-delà de tout », plus qu’être, « plus que dieu » (hyperthéos). La théologie elle-même fuit l’anthropomorphisme. Elle ne dit de Dieu que ce que Celui-ci l’y autorise.