La grâce de croire –
La foi n’est pas une catégorie psychologique, philosophique ou idéologique. La foi est une grâce, un charisme et, en tant que telle, une véritable énergie divine. Nous ne pouvons pas la produire : elle a sa source dans le Père céleste, le « Père des lumières », d’où procède tout ce qui est bon, utile et vrai (Jacques 1, 17). Il ne dépend pas de nous de croire. Le Père, par son saint Esprit, nous fait ce don de mettre notre foi dans son Fils, le Christ Jésus. Ainsi, que la foi s’établisse dans notre cœur et illumine notre intelligence est un véritable miracle, et une manifestation extraordinaire de la miséricorde divine. Le Seigneur a montré ainsi sa paternité quand Il a fait le don de la foi à notre père Abraham et à tous ceux qui crurent en lui.
Responsables de la grâce
Toutefois, il dépend de nous de cultiver le don de Dieu, d’y répondre. La vie de l’homme se définit principalement par le dialogue qu’il entretient avec la Divinité, comme nous le montrent tous les exemples bibliques. Dieu a l’initiative de l’amour. L’homme a la liberté de la réponse. C’est pourquoi Dieu dit souvent « suis-moi ! » ou encore « croyez en moi ! » La tradition biblique nous montre, depuis le Paradis jusqu’à la Pentecôte, que notre situation est dans la réponse que nous apportons au don que le Seigneur nous fait. Si le don de la foi nous a été fait, de façon tellement mystérieuse et inconditionnée, à nous d’activer ce don.
La négligence
L’affaiblissement de la foi s’interprète de plusieurs façons. D’une part, le Seigneur, dans sa paternité et sa pédagogie, quelquefois se rend moins sensiblement présent. Non qu’Il se retire, ce serait contraire à sa bonté ; mais, Il se fait discret pour donner le champ à notre activité et à notre liberté. D’autre part, il arrive que la grâce de Dieu soit moins sensible à l’organe qui a justement la faculté de la percevoir, c’est-à-dire le cœur, pour une autre raison. Notre négligence en est peut-être la cause. Il en est de même avec l’amour. Nous savons très bien que si nous négligeons de déclarer notre amour tous les jours à ceux que nous aimons, par nos paroles et par nos actes, cet amour va en quelque sorte s’attiédir. Et nous connaissons des couples ou des paires d’amis qui – c’est affreux à penser ! – connaissent le désamour.
Les pensées négatives
Une autre raison encore, qui n’est certainement pas la dernière, est quelquefois dans le fait que nous acceptons des pensées étrangères ou hostiles à la foi. C’est ce qui arriva à la première humanité : par inexpérience, elle accepta que le Seigneur soit calomnié, et sa foi en lui s’affaiblit à un tel point qu’elle n’eut plus la confiance absolue qu’elle avait jusqu’alors dans sa parole. De même, celui qui écoute des suggestions négatives à l’égard du Christ Dieu, ou des informations erronées concernant la foi elle-même, en ressentira bien vite les effets. Il en est de même de l’amitié. Qui se laisse dire du mal d’un ami commence à douter de lui et la confiance qu’il avait en lui s’émousse.
Le désamour
Des larmes nous viennent quand nous pensons qu’on peut douter de qui on a aimé ; qu’on peut aimer moins qu’on a jusqu’alors aimé ; qu’on peut se laisser écarter du grand amour et de la grande amitié de notre vie, l’amitié divino humaine… Et pourtant, cela se produit, et l’on entend tel ou tel dire qu’il a « perdu la foi » ; on entend également Untel dire « je ne l’aime plus » de celle qu’il aimait tant. Le remède n’est certainement pas dans un effort pour aimer ou une décision de croire, puisque nous ne sommes la source ni de l’amour ni de la foi. Le remède est dans un mouvement de réconciliation avec celui dont nous nous sommes follement laissé séparer ou éloigner.
La réconciliation
Plusieurs moyens sont à notre disposition. Le premier est une parole sincère adressée au Seigneur : Pardonne ma négligence ! Ne m’abandonne pas ! Ô Dieu, viens à mon aide, comme le dit David en son psaume. Un deuxième est la confession sacramentelle : allons devant l’icône du Christ, devant l’Évangile et devant la Croix demander pardon de notre négligence, de notre paresse, de notre trahison, si c’est le cas. Croyons de tout notre cœur que le Seigneur nous pardonne par le ministère de son Église, comme Il l’a dit à ses apôtres après sa résurrection. Le troisième chemin indispensable est la lecture de la Parole de Dieu, tout spécialement le saint Évangile. Renouons avec la Parole. Identifions-nous avec les personnages qui mirent leur foi en Jésus : la Samaritaine, la Cananéenne, le Centurion, les apôtres Pierre et Thomas, et tant d’autres. Et reprenons le chemin de l’amour et de la foi où nous l’avons laissé, là où le Seigneur, justement, nous attend…
(a.p. Marc-Antoine)