« Le bébé est une personne » –
Du point de vue de la foi orthodoxe, un enfant est une personne dès sa conception. Si Dieu veut ou permet qu’il parte avant terme, cet embryon reste une personne dont l’existence est voulue par Dieu. Sa vocation et son itinéraire spirituel nous échappent. Nous considérons généralement que les tout petits enfants partis avant de naître – avortés volontairement ou non – sont nos intercesseurs devant le Seigneur. Il en est de même pour les bébés qui, à leur naissance, n’ont pas été baptisés avant leur décès.
Nés à terme
S’il s’agit d’enfants qui sont nés et dont le nom est ainsi connu, on ne les baptise pas, car le baptême concerne la vie dans l’Église sur la terre, et les chrétiens n’ont pas à avoir d’inquiétude pour les enfants endormis sans baptême. Ces petits enfants seront inhumés avec la prière, en choisissant, dans l’office pour les enfants défunts, ce qui les concerne. Ces prières ont pour premier but d’apporter aux parents le soutien des prêtres et de la communauté dans leur douloureuse épreuve.
Communion « in utero » ?
Dans le meilleur des cas, les petits enfants conçus par des chrétiens ont joui de la participation de ceux-ci à la vie de l’Église : pendant la grossesse, ils ont entendu les prières et les chants liturgiques, quoique filtrés par le corps de leur maman ; et, chaque fois que celle-ci a communié au Corps précieux et au Sang très pur de Dieu fait Homme, l’embryon a, indirectement, par le sang maternel, et par son âme, communié également. S’il a eu le temps d’être allaité, il aura eu au sein une participation à la vie divino humaine. Certes, cette communion n’est pas la même qu’une communion faite à titre personnel, mais on ne peut nier qu’un embryon soit nourri de la vie du Christ pendant la grossesse, par le sang et par le lait maternels.
L’avortement
Les enfants qui ne sont pas nés doivent être l’objet de tout notre amour et de toute notre affectueuse prière. Certains avortements volontaires constituent une véritable souffrance, non seulement pour la femme, mais pour l’embryon lui-même, comme nous l’apprennent certains documents visuels. Des millions de petits enfants sont exterminés chaque année de cette façon. Dans le cas d’une interruption involontaire de la grossesse, le cas est peut-être différent, mais nous ne savons pas tout, et, en tout cas, ces jolies petites créatures sont de notre famille, même si elles n’ont pu être baptisées, et même si elles n’ont pas été conçues en milieu chrétien. En effet, dans toute conception intervient le Créateur : les parents unissent leur semence, le Seigneur crée la personne unique. Du reste, l’Incarnation du Verbe assume la nature humaine tout entière.
Conseils spirituels
Voici, en général, le conseil de nos pères spirituels. La prière que dit le Prêtre à la proscomidie (préparation à la divine liturgie) inclut, après les noms des défunts portés sur les diptyques, toutes les intentions : « tous les âges,… nourrissons, enfants nés avant terme …, souviens-Toi d’eux, Seigneur, Toi qui connais le nom et l’âge de chacun ».Sur le diptyque confié au Prêtre, on peut mettre des noms de saints pour ces bébés inconnus : Marie, Jean… en ajoutant entre parenthèses « n.-b. » (« non-baptisé ») car les parcelles tirées de la prosphore (pain liturgique) sont posées sur la patène au nom de personnes explicitement membres de l’Église. La prière pour les non baptisés a sa place, non seulement à la proscomidie, mais dans la divine liturgie et dans tous les offices de l’Église.
Les offrandes
La pratique de l’Église consiste à apporter pour les défunts les offrandes du pain, du vin, de l’huile, de l’argent, des cierges, avec la liste des noms (diptyques). On fait de leur part des offrandes aux pauvres et on offre un repas. On demande également des offices spéciaux, par exemple à l’anniversaire du départ de la personne. Cette coutume est vraie également pour les enfants morts avant terme, d’une façon ou d’une autre. En Roumanie, certains spirituels ont même conseillé aux personnes dont la grossesse avait été interrompue de se porter, pour chaque enfant qu’elles ont perdu, parrains et marraines de petits enfants de familles défavorisées. C’est une consolation, quand on est privé de l’enfant de sa chair, de partager avec d’autres petits l’amour que l’on a pour lui. Nous aimons faire pour d’autres ce que nous voudrions faire pour notre enfant.
Communion inclusive
Enfin, n’oublions pas que, chaque fois que nous communion au Corps et au Sang du Christ, avec pureté du cœur et de l’esprit et avec foi, tous ceux que nous portons dans notre cœur participent indirectement au Banquet. Nous ne communions pas seulement pour nous-mêmes : nous communions pour tous ceux que nous aimons, les absents, les défunts, et même pour nos ennemis dont nous ne voulons pas qu’ils soient privés du Salut. L’Eucharistie est l’intercession du Christ pour le monde, son sacrifice non sanglant et débordant d’amour pour les vivants et les défunts.