Le sacrifice non-sanglant –
À toute époque d’oppression, de guerre, d’occupation, innombrables sont les possibilités sont offertes aux baptisés pour manifester l’amour de Dieu et sa bienveillance parmi les hommes. Les épreuves, d’une façon ou d’une autre, présentent l’opportunité d’aimer, de servir, de partager ses biens et son temps, d’acquérir la compassion divine pour tous les hommes. Cette expérience culmine dans l’acquisition de l’amour pour les ennemis et les oppresseurs de tous genres. Même quand il ne triomphe pas sur le champ de façon spectaculaire, l’amour divin répandu dans les membres du Verbe incarné, irradie, non seulement l’Église, mais la société tout entière. Dans l’Eucharistie l’amour atteint le maximum de lui-même, et en lui l’Église se constitue et se soude miraculeusement.
La liberté de prier
En amont des manifestations actives et concrètes de l’amour divin, se trouvent les diverses formes que prend la prière. Celle-ci est par excellence la connexion à la Personne aimante du Verbe, par la foi. La force de la prière est la foi. Par la prière de foi, par le canal des cœurs qui prient, s’écoulent dans la communauté des baptisés et dans le monde entier l’eau pure et le feu sans mélange de la douceur, de la patience, du non-jugement, de l’humanité véritable. Prière de supplication pour soi-même et pour le monde ; prière de louange pour Dieu lui-même, pour nos proches, nos ennemis, pour nous-mêmes et pour le monde entier : la personne humaine unie au Sauveur par la foi et par la prière assure son service d’amour pour toutes les créatures, par une indicible liberté intérieure. De l’intérieur, le monde est libéré ; de l’intérieur, il est humanisé ; par le canal intérieur du cœur priant, il est humanisé et sauvé.
La célébration
Le centre de tout est l’offrande eucharistique. En celle-ci le Corps du Christ trouve son unité totale. Le Fils unique et Verbe de Dieu en est le célébrant unique. Il offre, Il s’offre, Il est offert, Il est distribué, et les fidèles s’unissent par la foi à sa célébration pour le Salut du monde. C’est dans le sacrifice eucharistique que toute la puissance de la Résurrection est libérée ; c’est ici que le Seigneur aime son monde jusqu’au bout ; son Corps et son Sang divinisés transfigurent la chair et le sang de toute l’humanité ; et l’Esprit descend sur l’offrande du Fils pour que celle-ci irradie dans toutes les directions du monde visible et invisible. L’Eucharistie sauve le monde. Elle est la réponse, première et ultime, à toutes nos détresses, à toute méchanceté, à toute guerre ; elle est la transfiguration en Dieu de tout ce qui est bon et vrai parmi les hommes. Si nous célébrons plus souvent en temps d’épreuve qu’en temps de paix, c’est parce que c’est ce que nous pouvons faire de mieux, pour gagner avec le Christ vainqueur le combat contre la peur de la mort, et contre la mort elle-même.