Sainteté de la prière –
On appelle la liturgie eucharistique « sainte » ou « divine » et ces qualificatifs ne s’appliquent pas aux autres formes du culte chrétien, comme vêpres, matines et les offices plus simples comme, par exemple, les acathistes et autres formes d’intercession. Pourtant, chaque fois que l’être humain élève son esprit uni au cœur vers la Divinité pour invoquer le Nom de celle-ci, pour la supplier et lui rendre gloire, il advient quelque chose de non humain en l’homme, quelque chose de divin. Pourquoi ? – parce que seul Dieu en nous connaît Dieu ; seul le Fils à l’intérieur de notre cœur connaît le Père ; seul l’Esprit connaît le Fils au sein de notre propre esprit. La prière et le culte sont des événements indicibles dans lesquels les personnes (ou « hypostases ») divines se connaissent l’une l’autre. En effet, l’être humain, son corps, et surtout son cœur et son esprit, constituent un temple non fait de main humaine où le Fils glorifie le Père par le saint Esprit. En ce sens, toute prière faite selon la vraie foi est divine et sainte parce que son Sujet suprême est le Christ Dieu et son inspirateur suprême l’Esprit justement nommé Saint.
La liturgie eucharistique
Elle est divine parce qu’elle obéit au commandement divin : « Faites ceci en mémoire de moi » ; et « faire mémoire » signifie s’intégrer à l’agir et au vouloir divins. La mémoire n’est pas un simple souvenir du passé ; elle est une actualisation de l’action divine ; elle épouse le vouloir divin. La liturgie est divine parce que le pontife par excellence qui la préside, la célèbre et l’actualise par sa volonté est le Christ Seigneur. Elle est telle parce que ce même Christ Dieu est présent dans l’action liturgique par la grâce de l’Esprit très saint et très bon ; Il est Celui qui offre, Celui qui est offert, Celui qui s’offre dans cette ineffable prière de consécration, de louange, l’indicible sacrifice de louange, d’oblation divine de soi. En somme, la liturgie est divine et sainte parce que Celui qui en est à la fois le chef et l’offrande est Dieu lui-même. La liturgie n’est pas un culte humain rendu à Dieu ; elle est le culte suprême rendu à Dieu par Dieu sur la Croix et dans le Corps formé par ses membres, ou Église.
Divino humaine
La liturgie de l’Église n’est pas seulement pleinement divine ; elle est également pleinement humaine, parce que son Célébrant, son Offrant et son Oblation, est Dieu parfait et Homme parfait. De lui, Personne divine en deux natures sans mélange, la liturgie tire sa perfection divino humaine. Elle est divino humaine parce qu’elle est l’expression par excellence de l’union des deux volontés, des deux libertés divine et humaine, des deux énergies qui sont connues dans la Personne du Christ. Elle est divino humaine parce qu’elle réalise dans chaque célébration le miracle de l’Incarnation, Dieu parfait se faisant Homme parfait, dans une totale unité sans confusion. Elle doit sa réalité humaine au fait que, dans la célébration, sont offertes par les fidèles les joies et les peines qui sont les leurs : tout ce qui est humain y est apporté pour y être consacré et divinisé, et trouver ainsi la plénitude de son humanité. La liturgie porte l’humain à sa perfection en le faisant communier, par le Christ, le Dieu-Homme, à la perfection de la divinité. En communiant au Corps très pur et au Sang très précieux du Dieu-Homme, la personne humaine devient ce qu’est Dieu tout en devenant elle-même en perfection. Selon saint Nicolas Cabasilas, la communion eucharistique transfigure l’homme dans la divinité, elle le divinise ; aussi la liturgie est-elle appelée « divine », car les hommes eux-mêmes deviennent divins, réalisant ainsi l’image scellée en eux dans le principe.