Le salut du monde –
Le chrétien se préoccupe, non seulement de son propre salut, mais de celui du monde entier, de ceux qui croient et de ceux qui ne croient pas, et même des ennemis de Dieu. Or, le seul obstacle au salut, est le péché. Et il n’y a pas d’autre remède au péché que le repentir – pénitence, ou mieux : « conversion ». Les saints de notre temps (Nectaire, Silouane, Païssios et tant d’autres) en donnent l’exemple. Le repentir ne consiste pas seulement à acquérir de la part de Dieu le pardon pour soi et pour le monde. Il consiste à extirper de soi les racines du péché que nous voyons dans le monde et, surtout, en nous-mêmes.
Les répercussions universelles du péché
Le péché est « un phénomène spirituel, métaphysique », dont les « racines… se trouvent dans la profondeur mystique de la nature spirituelle de l’homme ». Son essence est, « non la transgression d’une norme éthique, mais un éloignement de la vie éternelle et divine pour laquelle l’homme a été créé et à laquelle il est appelé par nature ».
Il « s’accomplit avant tout dans la mystérieuse profondeur de l’esprit humain », par les pensées ; et il a des conséquences sur l’homme tout entier. Il « se répercute sur l’état psychique et physique de l’homme qui l’a commis (…) ; il déborde inévitablement les limites de la vie individuelle du pécheur, pour alourdir le poids du mal qui pèse sur la vie de toute l’humanité et, par conséquent, il affecte la destinée du monde entier.
« Ce n’est pas seulement le péché de notre ancêtre Adam qui eut des conséquences d’une portée cosmique ; mais tout péché, manifeste ou secret, de chacun d’entre nous se répercute sur la destinée du monde entier » (Citations de l’archimandrite Sophrony, Starets Silouane, 1973, p. 33-34).
Connaissance des raisons
Le repentir est l’acquisition de la connaissance intime de la condition humaine et des causes de sa souffrance et de sa mort – réponse à la question : Comment en sommes-nous arrivés là ? Dans les époques de barbarie – violente, cruelle ou confortable par tyrannie du plaisir égoïste – le chrétien qui se convertit ressent profondément la conséquence du péché – la perte de la grâce, pour lui-même et pour le monde. Il tend alors à rompre avec toute pensée pécheresse elle-même, afin de ne plus alourdir le fardeau des hommes. Au contraire, celui qui s’élève par une vie pure, élève l’humanité entière.
La puissance de l’humilité
Le repentir est surtout l’acquisition de l’humilité. Tous les maux qui affectent les hommes et les autres créatures – la création entière – ont leur source dans l’orgueil. C’est pourquoi celui ou celle qui, par le repentir, devient humble comme l’est le Seigneur de gloire, contribue au salut du monde. Ainsi, devant les évènements que présente l’actualité, la réponse chrétienne est, pour beaucoup, un incessant « Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu, fais miséricorde au pécheur que je suis ! » Celui qui s’est totalement humilié par un incessant repentir, laisse la place à la souveraineté de l’action miséricordieuse du Seigneur.