Penser chrétien –
Comment, en tant que chrétiens orthodoxes, nous situer dans l’horrible actualité de la planète ? Qui cherche à penser chrétien ? Comme parler chrétien dans l’étau des totalitarismes ? Cherchons à acquérir « la pensée du Christ », conseille l’apôtre Paul (Romains 11, 34 ; 1 Corinthiens 2, 16).
Deux livres
Deux écrivains chrétiens, qui peinent à dégager le message évangélique et à lire l’Histoire à sa lumière, nous fournissent toutefois des pistes impressionnantes de réflexion sur l’origine de ce qui se passe à l’Est de l’Europe. Ils nous donnent à réfléchir sur l’avenir de notre occidentalité.
Avec La Crucifixion de l’Ukraine (Albin Michel, Paris, 2022) et Le Courage de l’Ukraine (Cerf, Paris, 2023), Jean-François Colosimo et Constantin Sigov font la même analyse, celle du néostalinisme ou néosoviétisme. Ils nous aident à ne pas avoir peur de la réalité et à ne pas craindre de penser la vie à partir du vécu, celui du martyre. Des peuples et des personnes souffrent la torture de l’âme et du corps, et la mort du corps, mais non de l’âme, pour la dignité la plus élémentaire que défend la tradition biblique et évangélique : la liberté de pensée, la liberté de parler, la liberté de choisir son mode de vie en cohérence avec autrui – pétitions profondes de ce qu’on appelle la « personne », ce sceau de l’image divine en l’homme.
La vérité dans l’Histoire
Trop brillant quelquefois, Jean-François Colosimo n’est pas toujours facile à suivre ; mais son courage d’historien est poignant. L’Ukrainien Constantin Sigov, tributaire d’une vision exclusivement philosophique, appelle, à travers une série d’articles et de conférences d’une clarté française, à faire la vérité sur l’actualité. L’un et l’autre le montrent bien : le totalitarisme d’un point ou de l’autre de la planète, ne peut s’appuyer que sur la falsification. Ces deux écrivains ont en commun de dénoncer le mensonge.
Pour notre liberté
« Les Ukrainiens défendent la société civile et la dignité humain, cruellement mise à mal par des régimes autoritaires de type post-soviétique. ‘Pour notre liberté et pour la vôtre !’ : cette ancienne formule est souvent reprise désormais, en union avec les Ukrainiens, par de courageux citoyens de Biélorussie et de Russie. On aurait tort, cependant, de considérer que cette lutte ne concerne que l’est de l’Europe. Car c’est d’une menace pesant sur toute la culture de l’Europe et sur ses valeurs fondamentales qu’il s’agit » (C. Sigov, p. 49). De son côté, l’historien conclut : « Il faudra aussi que l’Europe trouve la force de renvoyer l’Amérique à domicile, de l’autre côté de l’Atlantique, afin que toute cette hécatombe ne soit pas passée par pertes et profits à la faveur d’une nouvelle domination impériale » (J.-F. Colosimo, p. 280).
Saint Maxime le Confesseur écrit que la Croix est le sens de l’Histoire.