L’exemple de Dieu –
Ne réagissons pas. Action et réaction, attraction et répulsion relèvent de l’âme psychique. Le Christ n’a pas réagi. Les saints ne réagissent pas. Ils sont purs des passions. Quand le Christ se trouvait à Gethsémani et que les apôtres voulaient réagir, qu’est-ce qu’Il leur a dit ? « Penses-tu donc que Je ne puisse faire appel à mon Père, qui me fournirait sur-le-champ plus de douze légions d’anges ? » (Mat 26, 53). Nous voudrions défendre le dieu que nous aimons et qui est le Dieu de tous les hommes. Nous voudrions riposter et défendre nos opinions et nos croyances, notre foi, les choix que nous avons faits pour nous-mêmes et pour nos enfants : notre Maître nous enjoint de renoncer à cela, puisque Lui-même n’a pas voulu se défendre alors qu’Il le pouvait.
Le repentir
Nous pouvons adopter une attitude intérieure de repentir : « Seigneur Jésus Christ Fils de Dieu fais miséricorde au pécheur que je suis ! » Pourquoi ? Parce que, souvent, les attaques adressées à Dieu et, en général, à la religion répondent au contre témoignage qu’apportent les croyants. Pardonne-moi, Seigneur, d’être cause que l’on déteste ! Prenons ainsi la responsabilité de l’hostilité, voire de la haine, que manifeste notre entourage, quelquefois nos proches, à l’égard de la foi. Faisons pénitence de ce que l’amour n’est pas aimé, de ce que l’Évangile est ignoré ou contesté. Quelquefois également notre propre façon de vivre notre engagement chrétien est une occasion de chute pour autrui.
La haine de l’Évangile
Mais sachons que, même si nous étions les saints dont le monde a besoin, le message divin serait en butte à l’hostilité. L’Évangile est un tel signe de contradiction, un message tellement paradoxal, qu’il est souvent incompréhensible aux hommes. Ou bien, lorsqu’ils le comprennent, lorsqu’ils entendent qu’il s’agit de changer de vie, de nous comporter suivant l’exemple divin, c’est-à-dire par l’amour, la patience, la douceur et la sagesse, ils entrent en guerre. Ils préfèrent la guerre à la paix, c’est pourquoi ils entrent en guerre contre la paix. Ceci se voit quelquefois même en famille : tel ou tel de nos proches refuse de pardonner, de demander pardon, de reconnaître ses torts et de s’effacer devant un frère. Cela se voit, non seulement dans la société civile ou « monde », mais également dans nos communautés pourtant réputées chrétiennes.
La victoire de la douceur
Les saints font comme leur Maître, le Christ : ils prient pour le monde, pour ceux qui croient et pour ceux qui ne croient pas encore. Ils prient pour les ennemis de la vérité et de l’amour. Comme la Mère de Dieu, ils prient pour ceux qui haïssent le Fils et Seigneur. Les saints répondent par la douceur ; ils résistent à la violence par la bienveillance, quitte à provoquer encore davantage leurs ennemis. Ils aiment les ennemis de Dieu et sont prêts à donner leur vie pour eux. Ils croient qu’on résiste au mal par le bien, à la haine par l’amour, à la colère par la patience. La douceur vaincra, le Christ nous le dit : « Bienheureux les doux, ils hériteront de la terre ! » (Matthieu 5, 4). Il y a une heure ou la douceur du Christ et des saints est tellement douce que devant elle la violence fléchit les genoux. C’est une des questions les plus actuelles en notre temps.