Le prêtre Michael Lapsley est le directeur de l’Institut pour la guérison des mémoires au Cap en Afrique du Sud.
Sa méditation…
« Nous, chrétiens, nous sommes les disciples de Jésus, celui qui a été torturé. Et, à ce titre, nous ne pouvons rester neutres face à la torture. Nous affirmons, en effet, que tous les êtres humains ont été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est pourquoi, torturer un être humain constitue une offense faite à Dieu en même temps qu’un déni de notre humanité commune. La torture dégrade profondément autant la victime que son bourreau. Elle est inacceptable et ne peut être tolérée.
Le silence
[…] Les gens sont torturés en cachette et les bourreaux, aux pratiques de plus en plus sophistiquées, s’efforcent de ne laisser aucune trace qui pourrait servir de preuve. On dit aux victimes qu’elles peuvent crier tant qu’elles veulent parce que de toute façon personne ne les entend, et que si elles sont libérées personne ne les croira. Celles qui, déjà, n’ont pas le droit à la parole, sont les plus vulnérables face à la torture, comme les détenus, les prisonniers politiques, les réfugiés, les sans-papiers et les minorités ethniques et sexuelles.
Les chrétiens
Aujourd’hui encore, la torture reste une pratique très répandue dans de nombreuses zones de conflit à travers le monde, et l’ACAT joue un rôle important en orientant les projecteurs vers ces actes inhumains. Nous, chrétiens, adorons le Dieu qui donne la Vie. Il est écrit dans l’évangile de Jean, chap. 10 verset 10 : ‘Je suis venu pour que vous ayez la vie et la vie en abondance’. C’est la leçon de l’histoire de la Résurrection. Chaque fois que des êtres humains sont victimes de violences, les chrétiens doivent être à l’avant-garde.
Guérison
À l’Institut pour la guérison des mémoires, nous disons que chacun a une histoire à raconter et que chaque histoire a besoin d’une écoute. Nous offrons des espaces sacrés où les gens peuvent raconter leur histoire en toute sécurité au sein d’un groupe de parole. […] Ceux qui ont survécu à la torture mettent quelquefois des dizaines d’années avant de pouvoir se délivrer du fardeau qui pèse sur eux […]
La peine de mort
[…] Dans une perspective chrétienne, les définitions légalistes ne suffisent pas. Tout ce qui déshumanise et viole l’intégrité d’une personne, que ce soit sur le plan physique, émotionnel ou spirituel, peut, d’un point de vue moral, être considéré comme une forme de torture. […] Naturellement, la peine de mort elle-même est une forme de torture. En attendant le jour de son exécution, le prisonnier meurt des milliers de fois. Heureusement, dans les pays de l’Union européenne et en France, la peine de mort n’existe plus, ce qui n’est pas le cas dans e nombreuses autres régions du monde. […]
Pâques
Souvenons-nous que nous sommes le peuple de Pâques ; le Vendredi saint n’est pas une fin. Le message chrétien nous incite à espérer que, malgré la torture, l’oppression et les exécutions, qui sont des offenses à Dieu, les forces de guérison, qui sont des forces de vie, finiront par triompher. Il nous appartient d’y contribuer »
(Courrier de l’ACAT, mars-avril 2014, « Spirituel »)