Maltraitance –
La fête de Noël, l’évènement même de la naissance humaine du Fils unique et Verbe de Dieu, met évidemment en exergue le mystère de l’enfant – enfant prophète, enfant vulnérable, enfant exploité, enfant objet à la merci des adultes et de tous ceux qui ont le pouvoir. Rien de nouveau – ou plutôt tout est dans ce domaine toujours nouveau. L’année que nous venons de passer est marquée par l’infanticide sous diverses formes, enfants, chrétiens ou non, qu’on décapite, qu’on brûle vifs; enfants victimes de la télé maltraitance, témoins du conflit des adultes, des disputes parentales, ou encore – autre forme de maltraitance – pourris par la richesse. En voilà un qui faisait la tête parce que, dans ses cadeaux, il avait moins qu’un autre, il n’avait pas tout ce que la Pub lui promettait pour le tourmenter… Les passions sont excitées chez nos enfants – la convoitise, la rivalité, la violence… Et l’éducation sexuelle prématurée corrompt, dans plusieurs cas, leur discernement.
Otage
Pomme de discorde entre les adultes dont il gêne les caprices, argument dans le divorce, objet à acquérir par tous les moyens chez certains stériles, banque d’organes dans d’autres cas, embryon arraché et avorté, promis à l’exploitation de son petit corps – l’enfant est sans défense. Il faut, avec Victor Hugo, déchiffrer toutes les Cosette du monde, celle que l’on marchande. Mais l’otage n’empêche pas les grands de jouer dans la cour. Quelle que soit l’action des associations de défense de l’enfant, l’impuissance mondiale est retentissante; il y a des images de Facebook qu’on voudrait ne pas avoir vues.
Jésus Christ
Dieu a choisi de se faire homme dans ce contexte. Dans sa sagesse, Il a prévu que, se manifester dans l’enfant, faire de l’enfance le lieu théophanique par excellence, serait le message universel. Même ceux qui ne connaissent pas Dieu, ou qui ne croient pas en lui, peuvent être saisis par ce mystère sans voix – car „enfant”, infans, est celui qui ne parle pas. L’enfant ne parle que par sa présence – ou par ses cris, quand il peut encore crier. Le Verbe, Celui qui par excellence parle, Lui la parole du Père, la Parole divine en personne, s’est indentifié à ceux – et celles – qui n’ont pas la parole en ce monde. Il s’est fait vulnérable, Lui le Souverain du ciel et de la terre. Pourquoi? En fait, seule la vulnérabilité est éloquente, parole sans pouvoir et baillonnée, sans autre puissance qu’elle-même; silence impuissant qui n’a d’autre autorité que son innocence.
Le Salut
En vénérant le nouveau-né de la Crèche – cette crèche si pauvre, si dérisoire, elle-même si vulnérable et menacée – nous affirmons notre foi: l’amour sans défense répare; l’innocent plaide pour ses bourreaux; sur l’Icône, l’Otage divin, enveloppé de linceuls, couché dans une crèche en forme de tombeau, annonce par son irradiation, la victoire de la Résurrection. Noël – Pâques: même combat, même victoire sur l’inintelligence, sur la violence, la méchanceté, la corruption et la mort. Même virginité sans souillure, même innocence sans défense, même triomphe de l’amour que personne ne peut empêcher d’être amour, sur la paille et dans la boue du monde – Dieu en otage… „ ce que vous avez fait au plus petit d’entre vous, c’est à moi que vous l’avez fait” (Matt 25, 40).